Né le 22 octobre 1814 à La Charité-sur-Loire, où son père était jardinier, Antoine Duvivier était étudiant à Paris en 1832 quand le choléra le ramena dans la Nièvre comme « instituteur latin privé » à Luzy. Le conseil municipal le choisit ensuite comme instituteur communal ; le curé déclencha un procès, qu’il perdit. En 1837, Duvivier épousa Reine-Jeanne Renault, issue d’une famille bourgeoise, nièce du médecin de Talleyrand. L’année suivante, il fut nommé directeur de l’école mutuelle de la Barre à Nevers ; les Frères des Écoles chrétiennes fondèrent aussitôt l’école Saint-Joseph. En 1840, son talent de poète est révélé par son recueil publié sous le titre Une voix du Morvand et la signature Antony Duvivier, avec en préface un éloge du Morvandiau ; sa qualité d’ethnologue par sa Notice sur les noces de campagne dans le Morvand, qui a pu inspirer La Mare au diable de George Sand. Correspondant du ministère de l’Instruction publique et de très nombreuses sociétés savantes, son édition de l’Inventaire historique des titres de la ville de Nevers (1842) est accompagnée d’une bibliographie nivernaise. Initié dans la loge maçonnique L’Humanité (1847), il se réjouit de la proclamation de la République. Battu aux élections législatives d’avril 1848, son Organisation de l’instruction primaire prône l’instruction publique, gratuite et obligatoire (et la disparition des écoles privées). Il demanda au préfet l’ouverture d’un cours du soir pour les adultes et souhaita aussi la création d’un Comité central des instituteurs. En décembre, il devint rédacteur en chef du Bien du peuple fondé par le député Frédéric-Pierre-Joseph Girerd. De nouveau battu aux élections en mai 1849, il fut emprisonné pour avoir tenu des propos outrageants envers le Prince-Président ; ses Lettres du Fort de Ham de Château-Chinon parurent dans le journal, bientôt supprimé. À l’annonce de l’état de siège en 1851, il gagna Bruxelles où il enseigna le français. En 1858, il put rentrer à Luzy ; accusé à nouveau de propos offensants contre l’Empereur, le Sénateur et le Conseiller général, il fut acquitté par le tribunal de Château-Chinon le 5 mars 1859 ; le procureur de Bourges fit appel à minima : il fut condamné à 2 mois de prison, sa grâce annulée et ce fut la transportation en Afrique, à Lambessa en Algérie. Un an plus tard, malade, il revint à Paris puis partit à Constantinople où il mourut le 14 décembre 1862.
Jean-Pierre Harris, "Antony Duvivier (1814-1862), un précurseur de la laïcité", Cahier nivernais d'histoire de l'éducation, n° 6, 1993, p. 71-79.