Albert Dardy naît le 11 octobre 1874 à New-York, de parents nivernais partis aux États-Unis promouvoir la gastronomie française et faire fortune dans la restauration. La famille revenue en France, Albert va évoluer dans le milieu mondain parisien tout en suivant des études d’architecture. Mais c’est la peinture qui sera sa vraie passion : dégagé de toute contrainte financière, il s’installe à Cosne-sur-Loire vers 1900 pour travailler sur le motif, et accessoirement donner des cours. Il publie sur le sujet un petit ouvrage romancé, À propos d’une bonne élève, qui témoigne de ses conceptions de l’enseignement artistique. Membre de la commission chargée de la création d’un musée à Cosne-sur-Loire en 1905, il va doter ce dernier de quelques paysages locaux de sa main. Il expose régulièrement à Paris (Salon de la Société des Artistes Français) et à Nevers jusqu’en 1914.
Mobilisé comme observateur à 40 ans, il sortira du premier conflit mondial sous-lieutenant, décoré de la Croix de guerre et de la Légion d’honneur. Il rapporte de la Grande Guerre une quinzaine de carnets couverts d’une fine écriture et de croquis, témoignage sensible du quotidien d’un artiste au front. Ils ont été transcrits par ses petites-filles et partiellement édités. Après 1918, contraint par des revers de fortune, il accepte un emploi d’architecte-inspecteur auprès de la Banque de France, et réalise des travaux graphiques alimentaires. Il peint quelques toiles d’après ses croquis de guerre, aujourd’hui au musée de l’Armée aux Invalides. Il met fin à ses jours le 5 septembre 1921 à Paris.
Sa peinture à la touche fine et vibrante, nourrie de Barbizon autant que d’un sage post-impressionnisme, possède un charme indéniable, hélas souvent affadi par une forme de timidité et un manque d’engagement. Le critique André Warnod la qualifiait en 1912, dans Comœdia, « d’art honnête, consciencieux et souriant ». Il ajoutait, visiblement peu convaincu : « Ce sont de petites toiles, exécutées à petits coups de pinceau, de petites touches qui se précipitent et se bousculent… » – JMR
Carnets de campagne 1914-1918 (extraits) d’Albert Dardy peintre et soldat cosnois, Nevers, Camosine, 2009, 44 p., ill. (« Annales des Pays Nivernais »,135).