LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

1864 ● Création du Herd–Book charolais

La légende veut que les premiers animaux de race blanche aient été rapportés d’Orient par les seigneurs de Damas, riches propriétaires du comté de Semur-en-Brionnais, lors de leur retour de la 2e croisade à laquelle ils avaient participé aux côtés de Bernard de Clairvaux au XIIe siècle ! Ce qui est plus vraisemblable, c’est l’histoire du petit village d’Oyé, placé au cœur de l’arrondissement actuel de Charolles en Saône-et-Loire, où Émiland Mathieu a sélectionné les premiers « animaux de couleur blanc froment » en 1720… À cette époque, il n’était pas rare d’avoir des bœufs de plus de 700 kg de poids vif. En 1753, la famille Mathieu et ses quatre fils partirent vers la Nièvre, à Anlezy, sur la ferme du château de la famille de Damas. Sous la houlette de Claude, le grand frère bon éleveur et fin négociant, les Mathieu lancèrent la race charolaise en Nivernais tout autant que dans les départements voisins du Centre de la France. Une nouvelle race à viande était née et propageait son effectif sur les zones d’herbe.

Au début du XIXe siècle, de nouveaux éleveurs s’emparent de la race et la font progresser dans les départements de l’Allier et du Cher, avec les Jacques Chamard, Louis Massé, nouveaux adeptes de cette race charolaise que Marcel Vacher, membre du Conseil supérieur de l’agriculture, décrit dans le Journal de l’Agriculture de 1903 à la suite de l’Exposition universelle de 1900 : « bel animal à la tête courte et conique, crâne carré surmonté de cornes rondes, petites et d’un blanc ivoire. Les yeux sont grands, saillants, le regard est vif et doux, les joues sont fortes, l’encolure est courte, le rein large et épais, les côtes longues et fortement arquées, les hanches effacées mais larges ainsi que la croupe et la culotte qui présente une forme hémisphérique… l’ensemble exprime la douceur en même temps qu’une grande distinction unie à un grand poids et un développement des parties les plus estimées par la boucherie. » Le 1er avril 1864, la Société d’agriculture de la Nièvre, présidée par le comte de Bouillé, créa le herd-book (livre généalogique) de la race charollaise (sic) dont la présidence fut confiée au marquis de Saint-Phalle. La Saône-et-Loire, bassin d’origine de la race, s’en offusqua et créa, en 1882, le herd-book de la race charollaise pure. Il fallut attendre l’après Grande Guerre, en 1920, pour que l’unité soit solidifiée dans un seul livre généalogique : le Herd-Book charolais (HBC). Reconnu par le ministère de l’agriculture, le HBC intensifia son action. En 1923, quelque 3000 reproducteurs étaient inscrits, provenant de 269 élevages. Présidé par un éleveur sélectionneur, le HBC vit les Maurice de l’Allier, père puis le fils François, assurer durablement (36 ans) cette responsabilité. Puis ce fut, en 1996, Roger Laurisson, éleveur et homme de la coopération bovine de Saône-et-Loire, qui fit évoluer la race au plan mondial : elle est présente en 70 pays. Albert Merlet, éleveur de la Vendée, autre pays du charolais, porta ensuite le flambeau qui a été remis, au début des années 2010, à Michel Baudot, issu de la grande famille des sélectionneurs côte-d’oriens. Le président Baudot aura la charge en août 2014 de l’organisation du 150e anniversaire du HBC lors du grand concours mondial de la race charolaise, devenue toute blanche, construite autour d’une sélection attentive et de tous les instants à laquelle l’insémination artificielle et, plus récemment, la transplantation embryonnaire, furent des outils de belle utilité.- AM