Par décret impérial du 22 mai 1815, au Palais de l’Elysée, Napoléon, empereur des Français, décide que « l’Aigle de la Légion d’honneur fera partie des armes de ces villes : Chalon-sur-Saône, Tournus et Saint-Jean-de-Losne pour la conduite qu’elles ont tenue pendant la campagne de 1814 ». Il s’agit de la campagne de France en janvier-février 1814. L’armée autrichienne tente de rejoindre Lyon, le Midi et le Centre de la France. Le Val de Saône est défendu par de maigres troupes : gardes urbaines et compagnies de volontaires. Mâcon passe sous contrôle ennemi. Le général Alexandre Legrand et quelques officiers décident d’arrêter l’invasion, à Chalon-sur-Saône d’abord, à Saint-Jean-de-Losne, enfin à Tournus qui réussit à « libérer » Mâcon. Succès sans doute éphémères, mais que Napoléon n’oubliera pas. Aux Cent-Jours, l’Aigle impériale se niche dans les armoiries de ces villes. Louis XVIII les en prive peu après, supprimant toutes les nominations de Napoléon postérieures au retour de l’île d’Elbe. La monarchie de Juillet rend leur honneur aux trois cités sous la forme de la célèbre Étoile. L’ordre de la Légion d’honneur exigeant initialement un serment, une personne morale ne peut pas s’y engager : d’où l’idée selon laquelle une ville ainsi honorée inscrirait l’Aigle (devenue Étoile) dans ses armes. Soixante-sept villes (dont trois étrangères) ont reçu de nos jours cette distinction, dont Dijon le 18 mai 1899 pour sa conduite en 1870-1871.- JFB

Louis Bonneville de Marsangy, La Légion d’honneur, texte augm. par Claude Ducourtial, nouv. éd.mise à jour par Isabelle Du Pasquier, Paris, Limoges, Charles-Lavauzelles, 1992, 459 p., ill.