L’année 1513 est une année terrible pour le royaume de France. Chassés du Milanais en 1512, puis battus par les Suisses à Novarre en juin 1513, les Français se trouvent attaqués également par les troupes anglaises alliées aux Impériaux dans le nord. Pendant ce temps, une armée composée d’Allemands, de Francs-Comtois et surtout de Suisses, encouragés par l’empereur Maximilien et Marguerite d’Autriche qui souhaitent recouvrer le duché de Bourgogne, pénètrent en France à la fin du mois de juillet avec l’idée de se diriger ensuite vers Paris. La défaite de Guinegatte finit de convaincre les Suisses de leurs chances.
Le 6 septembre, cette armée s’installe devant Dijon et deux jours plus tard commence les bombardements. Le 12 septembre, elle pénètre dans la ville mais elle est arrêtée par des retranchements à l’intérieur des murailles et par la garnison. Ce même jour est organisée une procession religieuse qui regroupe toute la population. Elle suit à travers les rues la statue de Notre-Dame de Bon-Espoir, datée du 11ème siècle (et toujours conservée dans l’église Notre-Dame), objet d’une grande dévotion. Le lendemain, Louis II de La Trémoille, gouverneur de Bourgogne, négocie un traité qui inclut l’abandon par la France de toutes ses possessions italiennes, la dénonciation du concile de Pise ainsi qu’une lourde indemnité pour les cantons. Les Suisses (désemparés depuis le recul d’Henri VIII et de Maximilien) lèvent le siège après avoir reçu un acompte de 25 000 livres et emmènent avec eux cinq otages. Louis XII refusera de ratifier ce traité.
Ni effusion de sang, ni pillage, mais des dommages importants ont été causés à la ville et les faubourgs ont été rasés. Les commentateurs contemporains accordent au gouverneur un rôle de toute première importance. Pour les Dijonnais, le départ des troupes tient du miracle, de l’intervention de la Vierge. Très vite, le souhait de commémorer l’événement voit le jour. Le conseil de ville décide d’une procession annuelle l’année suivante. Une confrérie est fondée à Notre-Dame, une magnifique tapisserie, sans doute commandée par Philibert Godran, un des otages, qui raconte de façon précise le siège et la procession, ornait les murs de sa chapelle ; elle est conservée au Musée des Beaux-Arts et a été restaurée en 2008-2009. La violence de l’attaque suisse a laissé des traces durables dans la mémoire collective puisqu’après la libération de Dijon, le 11 septembre 1944, presque le même jour ! une deuxième tapisserie sera commandée à Dom Robert, pour commémorer les miracles de la protection de la ville par la Vierge, accrochée maintenant dans l’église Notre-Dame, au-dessus du grand portail d’entrée.
Catherine Chédeau, « Le siège des Suisses en 1513 », Prendre une ville au XVIe siècle, dir. Gabriel Audisio, Publ. de l'Université de Provence, 2004, p. 17-32 ; - Laurent Vissière, « Sans poinct sortir hors de l’orniere » : Louis II de La Trémoille (1460-1525), Champion, 2008, 613 p., ill. (« Etudes d'histoire médiévale », 11) ; - Jules Thomas, La délivrance de Dijon en 1513 d’après les documents contemporains, Dijon, 1898, XIV-371 p.