Jacques Bacot est né le 4 juillet 1877 à Saint Germain-en-Laye. Son grand-père avait fait de nombreux voyages ; son père était membre de la Société de géographie et directeur de la Manufacture d’émaux de Briare. Aidé par une bonne « assise financière » familiale, Jacques mène une vie de globe-trotter dès 1904, entreprenant un voyage autour du monde. En 1907, il se rend au Tibet pour la première fois, pays bien secret qui l’attire. À son retour, il publie Dans les Marches tibétaines : autour du Dokerla, novembre 1906-janvier 1908 (Plon, 1909), entre à la Société asiatique et s’inscrit à l’École pratique des hautes études, section des sciences historiques et tibétaines ; il suit les cours de Sylvain Lévi pour apprendre le tibétain. Il repart en 1909-1910 et en 1912, Hachette édite son Tibet révolté : vers Népémakö, terre promise des Tibétains. Bacot donne au Musée national des arts asiatiques – Guimet les peintures et les bronzes qu’il a rapportés. En avril 1913, il épouse Marguerite Thénard, arrière-petite-fille du chimiste Louis-Jacques Thénard : le voici Bourguignon par alliance, avec une résidence familiale à Saint-Sauveur près de Talmay où nait son fils François (1916-2003) qui dirigea Le Bien public. En 1913-1914, Jacques parcourt l’Himalaya. Mobilisé, il fait la guerre de tranchées, notamment à Verdun où il est grièvement blessé (il recevra la Croix de guerre). En 1917, il part avec la mission militaire française en Sibérie, conduite par Paul Pelliot, auquel il succédera à la présidence de la Société asiatique. Après un second voyage dans l’Himalaya (1930-1931), il devient directeur d’études de tibétain à l’École pratique puis membre libre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Il fut le premier scientifique européen à étudier la grammaire tibétaine traditionnelle, et parmi les premiers à déchiffrer les manuscrits de Dunhuang en vieux tibétain. Citons entre autres nombreux ouvrages sa Grammaire du tibétain littéraire (1946) et sa Vie du poète tibétain Milarépa, sa traduction la plus célèbre (1925, rééd.) En partant de la trame narrative des textes bouddhiques qu’il avait traduits, sa fille Madeleine, qui lui avait servi de secrétaire, a rédigé des Contes du Tibet (Riveneuve, 2009), édités par son fils Olivier de Bernon avec les Impressions d’un Tibétain en France, journal d’Adjroup Gumbo, que Jacques avait amené avec lui lors de son retour en 1907 puis raccompagné dans son pays en 1909. Jacques Bacot est décédé à Paris le 18 juin 1965.- MP et MCB
Marcelle Lalou, « Jacques Bacot (1877-1965) » Annuaire / École Pratique des hautes études, Sciences historiques et philologiques, 1967-1968 p. 46-54. Avec bibliogr. ; - « François Bacot », Les grands voyageurs bourguignons du XVIe siècle à nos jours, exposition église Saint-Philibert de Dijon, 2-29 nov. 1979, catalogue sous la dir. de Pierre Gras, Ville de Dijon, 1979, 2 p., ill.