Sur les bords de Saône, dans la paroisse de Saint-Jean-de-Losne, naît, le 4 juin 1765, Charles Forey, fils de Charles, échevin et négociant et d’Anne Savolles. De sa prime formation, on sait peu de choses. Il semblerait qu’il a reçu une formation en mathématiques, sciences et chimie à Dijon. Il entre en 1787 au service des ponts et chaussées en étant affecté par Émiland Gauthey aux travaux de l’écluse d’embouquement dans la Loire à Digoin. Son affectation au service du canal du Charolais lui permet de recevoir les cours dispensé par Gauthey dans son école bourguignonne des ponts et chaussées. Au bénéfice du départ de l’ingénieur en chef Gauthey pour Paris et de la Révolution, Forey devient ingénieur chargé du jeune canal du Centre. Durant la période impériale, on le trouve occupé à prolonger la rigole de Torcy en direction du Creusot dont les manufactures sont les principales utilisatrices. C’est pour lui l’occasion de présenter voire de créer (on n’en conserve aucune trace archéologique mais des plans) les premiers ascenseurs à bateaux de France. En 1808, il est ingénieur en chef de 2e classe pour le canal de Bourgogne dans le corps des ponts et chaussées du département de Côte-d’Or. Les travaux, abandonnés durant la Révolution, ont repris au cours de la période impériale. C’est à lui que l’on doit les élégantes maisons éclusières depuis la Saône jusqu’à Pont-de-Pany.
La section entre Dijon et la Saône étant achevée, on cherche alors à réaliser la jonction avec le tronçon déjà existant sur le versant icaunais. À cette occasion, le débat sur le tracé du canal au niveau du bief de partage renaît. En 1812, il tranche définitivement la question en préconisant le passage par Pouilly-en-Auxois et la réalisation d’un souterrain précédé de tranchées aux extrémités. Il connaît au cours de la décennie suivante un certain avancement puisqu’il devient ingénieur en chef de la Côte-d’Or. Les archives conservent encore les plans d’autres ouvrages d’art liés au canal (pont-canal de Pont-de-Pagny…). Il décède le 14 octobre 1825 à Dijon après une fin de carrière en demi-teinte. Malgré un beau parcours à l’échelon bourguignon, il ne rencontre pas l’avancement national auquel il pouvait prétendre. Son absence de passage par la prestigieuse École des ponts et chaussées, rue des Saints-Pères à Paris, semble en être la cause. – PhM