Né à Pommard le 27 septembre 1865, fils d’un tonnelier, Étienne Charlot étudie aux Arts et métiers de Châlons-sur-Marne et devient dessinateur industriel à Dijon. Engagé dans la lutte sociale, il appartient au syndicat des métallurgistes, gère le premier organe socialiste à Dijon (La Revue sociale) et prend le secrétariat de la Fédération des travailleurs socialistes de l’Est. Il est le premier adjoint d’Auguste Morin-Gacon, élu maire de Dijon en 1896 grâce à une étonnante triangulaire, à la tête de militants du parti ouvrier socialiste révolutionnaire. Étienne Charlot organise le référendum communal proposé par le programme de cette liste : le remplacement de l’octroi par des centimes additionnels. La suppression de l’octroi (taxe acquittée par toute marchandise entrant en ville) est une mesure raisonnable, dans l’air du temps. En revanche, le référendum sent le soufre, tous les partis saisissent l’occasion de s’unir contre cette municipalité d’extrême-gauche et le 14 mars 1897, c’est pour elle un grave échec : 2 076 oui seulement sur 16 847 inscrits. L’équipe ira au terme de son mandat en 1900 ; elle sera alors sévèrement battue. Quittant la mairie de Dijon, Charlot entreprend alors une très longue carrière politique : en un demi-siècle, il ira de la gauche la plus extrême jusqu’à la droite vichyste. Élu conseiller général dijonnais de la Côte-d’Or de 1904 à 1919 puis de 1934 à 1940, député de la Côte-d’Or de 1919 à 1932 (républicain socialiste jusqu’en 1924, puis gauche radicale) il est nommé sous-secrétaire d’État aux travaux publics avec Camille Chautemps (1930), puis à l’agriculture dans un cabinet Théodore Steeg en 1930-1932. L’ancien organisateur des premiers « 1er mai » à Dijon est nommé conseiller départemental par le gouvernement de Vichy. Sans doute ne collabore-t-il pas avec l’occupant mais, déclaré inéligible à la Libération, il meurt oublié le 13 janvier 1946.- JFB
Jean-François Bazin, « Un essai de démocratie directe : le référendum de 1897 », Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, t. 124, 1979-1980, p. 135-154.