LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

1814 ● Décès de Pierre-Joseph Antoine

Né le 13 juin 1730 à Brazey-en-Plaine, après une première formation auprès de l’architecte-voyer de Besançon, Longin, et du directeur des fortifications de Bourgogne et de Franche-Comté, Grillot de Prédelis, il entre à l’École des ponts et chaussées en 1751 et il suit parallèlement les cours de Jacques-François Blondel à l’Académie royale d’architecture. En 1753, il est nommé sous-ingénieur des ponts et chaussées au service des états de Bourgogne, puis en 1782 ingénieur ordinaire du département du Nord (de la province de Bourgogne), avec, comme sous-ingénieurs son frère Antoine Antoine et Jean-Philibert Maret. Durant la Révolution, il est, en 1790, ingénieur en chef du département de la Côte-d’Or, fonction qu’il abandonne en 1793. En 1803, enfin, il est désigné ingénieur-architecte de la ville de Dijon.

Pierre-Joseph Antoine a donné nombre de plans et de projets en qualité d’ingénieur, mais il eut plus de tracas que de vraies réussites dans ce domaine : les difficultés techniques sur ses chantiers, parfois conséquences d’adjudications malheureuses, n’ont pas manqué. Ses choix en matière, alors cruciale, de navigation fluviale et de canaux n’ont pas été suivis (Navigation de Bourgogne, 1774) pas plus que son tracé pour le canal de Bourgogne, de Dijon à la Saône. Par contre, il a été un dessinateur et un architecte de qualité. De 1761 à 1763, il voyage en Italie, grâce à la générosité du secrétaire en chef des états, Varenne de Béost, dont il illustra la traduction des Ruines de Paestum. Plus tard, entre 1775 et 1789, il fut membre du jury de l’École de dessin et participa au choix des élèves lauréats du prix de Rome des états de Bourgogne. Il est l’auteur de nombreux dessins parmi lesquels la série des Vues de Dijon à la fin du XVIIIe siècle, publiées par son arrière petit-fils, Joseph Moreau (Champion, 1893). Selon ses dires, il aurait donné les dessins de 45 gravures : des cartes et vues de villes.

Comme la plupart des ingénieurs de son temps, il a élaboré les plans de nombreux bâtiments publics, notamment des églises (Vielverge, Flammerans, Vanvey, chapelle des ursulines d’Auxonne) et des hôtels-de-ville (Saulieu, Seurre, Is-sur-Tille), ainsi que les halles et le théâtre d’Autun. Sa maison (30, rue Chabot-Charny à Dijon, conservée), témoigne de l’originalité de ses recherches dans le dessin des façades comme dans l’usage de matériaux nouveaux pour imiter la pierre ; elle prouve encore l’étroitesse des liens qu’entretenait P. J. Antoine avec les jeunes artistes de Bourgogne qui ornèrent la demeure de bas-reliefs en stuc dont l’état est aujourd’hui préoccupant.

En matière d’architecture, P. J. Antoine se fit auteur et théoricien avec notamment l’analyse des systèmes de proportion dans les ordres antiques (Série des colonnes). Sa grande connaissance en matière architecturale fut reconnue par sa nomination, en 1795, à la commission des sciences et arts de Dijon, destinée à choisir les monuments à conserver et à protéger. Plus tard, seconde consécration, P. J. Antoine devint le professeur d’architecture de l’école des beaux-arts de Dijon.

  1. J. Antoine a pleinement participé à la vie intellectuelle de son temps : il devint membre de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon en 1778 ; il fit partie des premiers membres de la Société des sciences, arts et agriculture qui la remplaça en 1798 et en devint président. Il fut l’un des membres originels de l’Académie reconstituée en 1807. Les communications qu’il a données montrent la diversité de ses centres d’intérêt : archéologie, astronomie, techniques industrielles, hydraulique, voire économie.

Octogénaire, mais toujours actif, il mourut le 2 mars 1814. Son éloge fut prononcé à l’Académie, le 30 mars 1816 par Nicolas Vallot. – CL

 

 

Claude-Xavier Girault, « Éloge historique de Pierre-Joseph Antoine ingénieur en chef de la province de Bourgogne », Mémoires de la Société bourguignonne de géographie et d’histoire, t. 20, 1904, p. 95-141 ; - Yves Beauvalot, « Les épaves d’une collection : deux recueils de dessins de l’architecte Pierre-Joseph Antoine (1730-1814) », 109e Congrès national des Sociétés savantes, Dijon, 1984, Archéologie et histoire de l’art, CTHS, 1985, 1, p. 237-255 ; - Id., « Pierre-Joseph Antoine et la construction de l’ancien hôtel de ville de Saulieu », Mémoires de la Commission des antiquités du département de la Côte-d’Or, t. 34, 1988, p. 350-385 ; - Philippe Ménager, Les canaux bourguignons : histoire d’un patrimoine, Vievy, l’Escargot Savant, 2009.