Parmi les manuscrits conservés à la Bibliothèque municipale de Dijon, aux cotes 2715-2766, 52 volumes, truffés de documents, photographies, coupures de presse, de Mémoires de Camille Pitollet, envoyés régulièrement au conservateur, dont plus de 30 récrits sur des exemplaires du Calvaire d’un hispaniste, une histoire simple, « imprimé comme manuscrit chez l’auteur à Paris », 1936. La vie du rédacteur n’a pas été tranquille ! Né le 22 octobre 1874 à Véronnes-les-Grandes (Côte-d’Or) où son père était maréchal-ferrant, élève du petit séminaire de Plombières, il cause déjà scandale en citant des auteurs non « recommandés ». Il goûte au journalisme en narrant le ressenti de son service militaire dans La Nouvelle Bourgogne (1896). Ayant obtenu sa licence en lettres à la Sorbonne, il réussit l’agrégation d’espagnol à Toulouse et publie parallèlement des Morceaux choisis de prosateurs et de poètes espagnols (Garnier, 1902). Après huit années passées en Allemagne, il prépare une thèse sur le littérateur et homme politique Gottfried Kinkel, héros de la révolution de Baden (1849), qui est refusée… Il en brûle le manuscrit et, revenu à son premier choix espagnol, obtient son doctorat à Toulouse avec La querelle caldéronienne de J.-N. Böhl von Faber et José Joaquin de Mora et une Contribution à l’hispanisme de G.-E. Lessing, plutôt satirique. Interprète pendant la guerre de 14-18 (il connaissait aussi l’italien et l’anglais), il occupe plusieurs postes en province avant de gagner les lycées parisiens et enfin, Louis le Grand, où il enseigne de 1919 à 1939. Il semble bien avoir eu toujours une dispute ou une autre sous la plume. Auteur de recueils, classiques espagnols et anciens gospels, de bibliographies, de très nombreux articles d’histoire littéraire dans Le Mercure de France, la Revue de littérature comparée, Hispania (il fut un pilier de cette revue prônant le rapprochement de la France et de l’Espagne), il se faisait volontiers l’avocat de son sujet. À preuve encore, les 2 brochures Pour la biographie critique de Guillaume Libri : le comte Georges Libry, falsificateur de lettres de change, d’après le dossier original de ses procès à Lyon en 1813 et 1815-1816 (Milan, 1913), inclination qui se retrouve dans les publications relatives à sa région natale où il défend les paysans contre les seigneurs Saulx-Tavannes : Notes sur Véronnes-les-Grandes et les Petites (Dijon, 1923), Notice sur Chazeuil (1925), dans ses contributions aux revues locales où il traque légendes et tromperies, ainsi dans La Bourgogne d’Or : « Napoléon à Auxonne, histoire d’une supercherie », « Til-Châtel et l’affaire des Templiers » ; dans Pro Alésia, « Alesia dans la littérature » ; dans les Mémoires de l’Académie […] de Dijon (il a été élu membre non résidant en 1946, « Une affaire de sourcier à Dijon, 1778) » ; ou encore dans un opuscule Un Procès (1930), récit minutieux d’une affaire entre son père et l’un de ses voisins pour une bande de terrain de… 25 cm de large sur moins de 25 m de long. Élu membre résidant de l’Académie de Dijon en 1946, il est décédé le 25 juin 1964 à Pau, ville de sa belle-famille où il s’était retiré – MCB
Pierre Gras, « Camille Pitollet », Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, t. 117, 1963-1965, p. 21-22 ; - Jean-François Rébé, « Camille Pitollet, l’enfant terrible de Véronnes », Terroir : revue semestrielle de la Société historique et touristique de Fontaine-Française, n° 128, 2004, p. 2-12, ill. ; compl. ibid., n° 131, 2005, p. 13-17, tabl. généal.