La splendeur de la co-cathédrale élevée au XIIe siècle à Autun en l’honneur de saint Lazare et le voisinage du pèlerinage vézelien à la Madeleine confèrent une réelle importance historique à la question des reliques bourguignonnes attribuées au ressuscité de Béthanie, reçues dans la ville le 1er septembre 972. On cite souvent à leur propos le martyrologe autunois du XIIIe siècle qui crédite de leur apport l’évêque Girard (c. 970). Mais il est aisé de montrer que cette affirmation bien postérieure à l’élévation d’un grand sanctuaire avec tombeau peut être lue comme une justification a posteriori d’un culte sans fondements. Faut-il alors admettre, comme on l’a parfois écrit, que la capitale épiscopale de l’Éduie avait inventé de toutes pièces des reliques destinées à faire pièce au fameux corps saint promu par les moines de Vézelay ? Ce serait faire bon compte des précieuses indications relevées par le regretté P. de Vregille, qui avait noté dans les livres liturgiques copiés pour le grand archevêque de Besançon Hugues de Salins (c. 1030) des mentions répétées du culte liturgique de Lazare à Autun. Or Hugues avait été élève aux écoles capitulaires d’Autun à la fin du Xe siècle, et c’est là qu’il s’était familiarisé avec l’hagiographie bourguignonne. Il est donc acquis que la tradition du « Lazarus quem Dominus suscitavit » y était vivante dès avant l’an mil, ce qui donne une solidité inattendue à la date traditionnelle et remet en question la primauté de Vézelay. Quant à savoir ce qu’étaient les ossements autunois, c’est une autre affaire.
Comme tout saint qui se respecte, Lazare est polycéphale, exhibant des têtes supplémentaires à Avallon ou à Andlau en Alsace. Surtout, la piste méridionale restant la plus vraisemblable, quoi qu’en ait dit M. Chaume, il y a tout lieu de penser que le Lazare autunois était l’évêque d’Aix de ce nom, mort au Ve siècle et inhumé d’abord à Saint-Victor de Marseille.
« La translation des restes de s. Lazare à Autun », Mémoires de la Société éduenne, t. 49, 1944, p. 161-167 ; B. de Vregille, « S. Lazare d’Autun ou la Madeleine de Vézelay : un problème d’antériorité », Annales de Bourgogne, t. 22, 1949, p. 34-43.