Premier évêque de Nevers à être élu par le seul chapitre cathédral, à l’unanimité, en 1201, « riche et de bonne maison », il se distingue par sa bonté, sa charité envers les pauvres et ses libéralités envers son Église. Il assiste en 1203 au concile de Meaux et obtient que le roi Philippe-Auguste, dont il est alors proche, concède à l’Église de Nevers, pour mille livres parisis, le droit de régale (1208). Dans la lutte contre les Albigeois, l’évêque est désigné en 1202 par le pape (avec l’archevêque de Bourges et l’abbé de Cluny) pour recevoir l’abjuration des bourgeois de La Charité ; en 1209, il prend la croix à Compiègne et participe avec le comte Hervé de Donzy à la croisade dans le Languedoc.
En 1211, un incendie détruit la cathédrale dans sa partie orientale ainsi que la résidence des chanoines qui abandonnent alors la vie commune. L’évêque s’occupe « à ses dépens » de la reconstruction en pierres de l’église, « rebâtit le chœur et fit mettre des stalles au lieu de bancs ». L’abside romane peut être conservée, les travaux exacts sont difficiles à préciser à cause d’un nouvel incendie en 1228. On s’accorde néanmoins sur le fait que dans le transept occidental, « les deux croisillons furent alors couverts de croisées d’ogives » ; les cinq travées de la nef datent sans doute de cette époque. En 1214, c’est au côté d’Hervé de Donzy, en conflit avec le roi, que s’engage l’évêque lors de la bataille de Bouvines. En 1218, il est dépositaire du testament d’Hervé de Donzy et de la comtesse Mahaut son épouse. Cet évêque est un grand seigneur féodal, intervient souvent, notamment sur la desserte de cures à la nomination de religieux. Avec le chapitre cathédral, l’Église est puissante. Sont fondées en 1209 par Hervé de Donzy la chartreuse de Bellary et l’abbaye de Coche à Vielmanay. En 1217, une famine ravage le Nivernais ; l’évêque « nourrit de ses deniers environ deux mille pauvres par jour ». Il fait don à la cathédrale d’une statue de la Vierge et de divers objets en argent.
Un panégyrique prononcé devant le chapitre le décrit « zélé défenseur de l’Église, père et protecteur des pauvres, […] persuadé qu’il n’était évêque que pour conserver l’Église dans la pureté de sa foi et pour paistre les ouailles de Jésus-Christ… » Il meurt le 19 mai 1221, veille de l’Ascension, est inhumé dans le chœur de la cathédrale, d’où son tombeau est enlevé en 1769. – AMCS
Marcel Anfray, La cathédrale de Nevers et les églises gothiques du Nivernais, Picard, 1964, 271 p., pl. ; – Augustin-Joseph Crosnier, Monographie de la cathédrale de Nevers, Nevers, 1854, VI – 422 p. ; – A. J. Parmentier, Histoire sommaire de nosseigneurs les évêques de Nevers, manuscrit du XVIIIe siècle, copie 1808, archives du diocèse de Nevers.