Né en 1834 à Varsovie dans une famille aristocratique alliée aux Romanov (son père, comte de Hauké, général au service de la Russie, son oncle, ministre de la guerre du royaume de Pologne), Josef de Hauké entre à la prestigieuse École des Pages, puis intègre le corps des Cadets qui forme les militaires. Colonel de la Garde impériale, il reçoit le commandement d’un régiment de l’armée du Caucase en 1859. Son courage lui vaut un sabre d’honneur qui lui sera donné par le grand-duc Michel, frère du tsar Alexandre II. Il abandonne cependant cette brillante et prometteuse carrière militaire en 1863 pour se mettre au service des forces insurrectionnelles de sa patrie, qui lutte pour son indépendance.
C’est alors qu’il prend le surnom de Bossak (ou Bosak), signifiant croc, arme figurant sur le blason de sa famille. Après l’échec de la révolte polonaise, il s’exile en Suisse.
Mais lors de la guerre contre la Prusse, comme beaucoup d’officiers étrangers, il prend le parti de la France et parvient à se faire engager dans l’armée dite Armée des Vosges, dont le général en chef est Garibaldi. On lui accorde le commandement de la 1ère brigade de l’armée auxiliaire, le 19 octobre 1870 à Besançon, en présence de Gambetta, ministre de la Guerre et de l’Intérieur du gouvernement de la Défense nationale. Il est chargé de la surveillance de l’ennemi et de provoquer des embuscades pour ralentir sa progression depuis Dole en direction de Dijon. On le retrouve ensuite dans le Morvan et l’Auxois pour préparer l’offensive contre Dijon, occupé par les Prussiens depuis le 30 octobre 1870. Cette troisième bataille de Dijon débute le 21 janvier 1871 au cours de laquelle Bossak tient les hauteurs de Daix, Prenois, Darois et Hauteville. Après s’être rendu aux avant-postes de son dispositif et pris la tête de ses troupes, il tombe, isolé, dans une embuscade au bois des Chênes, à Hauteville. Son cadavre sera retrouvé quelques jours plus tard, mutilé et dépouillé, y compris du fameux sabre (qui sera rendu ensuite à son épouse). Inhumé provisoirement à Dijon, ses obsèques se dérouleront au cimetière de Carouge à Genève, le 12 février 1871. Un monument, inauguré le 21 janvier 1872 sur les lieux de sa mort, au bord de la route départementale 971, rend hommage à cet homme valeureux. – BS
Justin Ledeuil d’Enquin, Armée des Vosges – Le général Bossak, comte de Hauké, Libr. E. Dubois, 1893, 65 p.