Né à Paris le 22 novembre 1882, fils d’un communard déporté en Nouvelle-Calédonie et d’une institutrice, Charles Messager prend, dans sa correspondance avec sa sœur qui séjournait en Angleterre, le pseudonyme de Charles Vildrac, inspiré du héros Wildrake de Walter Scott. Secrétaire d’un avocat conseil des Goncourt, à 20 ans, il fait la connaissance de Georges Duhamel, dont il épousera la sœur, Rose, et avec lequel il fonde le Groupe de l’Abbaye ou Abbaye de Créteil, « libre villa Médicis » selon son expression (expositions avec Albert Gleizes, Brancusi, Picart Le Doux ; maison d’édition avec Jules Romains, Valentine de Saint-Point…). La communauté rapidement dissoute, il fonde une galerie de peintures, rue de Seine, dirigée par Rose, écrit pour le théâtre (Copeau, Jouvet, les Pitoëff) et rejoint L’Effort de Jean-Richard Bloch ; celui-ci le signale à Romain Rolland alors que, mobilisé en 1914, fantassin, il est devenu infirmier-brancardier (Les Chants du désespéré, 1914-1920). Avec Romain Rolland, il prend part à la naissance de la revue Europe et découvre Vézelay en 1924, l’un de ses « plus vifs souvenirs ». Il avait publié des contes pour enfants (L’Île rose, suivi de La Colonie, Les Lunettes du lion, La Famille Moineau) ; aussi le Syndicat national des instituteurs juste créé lui commande-t-il des romans scolaires : Milot en 1933, Bridinette en 1935. Assommé par le pacte germano-soviétique, il passe Noël 1939 à Vézelay. Peu ou prou dans la clandestinité (poème Paris, 1942, pseudonyme R. Barade), arrêté en 1943, il trouve refuge dans l’Yonne. Aux obsèques de Romain Rolland à Clamecy le 3 janvier 1945, il tient les cordons du poêle avec le musicologue Lucien Bouillé, rencontré à Villeneuve-sur-Yonne, et, en 1953, il prononcera l’éloge de son ami à Clamecy lors de la pose d’une plaque sur sa maison natale. Grand Prix des poètes français l’année suivante, Grand Prix de littérature de l’Académie française en 1963… et membre des Piliers chablisiens, il mourut à Saint-Tropez le 25 juin 1971. – MCB
Nicole Racine, https://maitron.fr/spip.php?article134641 ; – Paul Maunoury, « Charles Vildrac ou l’unité d’une oeuvre », suivi de : Jean-Luc Dauphin, « C. V. en pays d’Yonne », Études villeneuviennes, n° 5, 1982, p. 21-29.