Fils d’un pharmacien, Maurice Clavel est né le 10 novembre 1920 à Frontignan (Hérault). Élève brillant, il entre à l’École normale supérieure et obtient l’agrégation de philosophie en 1942. Après un bref passage à Vichy, il s’engage dans la Résistance sous le nom de Sinclair et participe aux combats de la Libération avec les FFI. Militant au RPF, il fonde un journal, L’Essor, et écrit ses premières pièces qui seront des échecs malgré la mise en scène de Jean Vilar. Il est brièvement professeur au lycée Carnot à Dijon. Sans abandonner le théâtre, le Festival d’Avignon et l’enseignement de la philosophie à Paris, Clavel écrit dans le journal Combat des articles dénonçant par exemple l’invasion soviétique en Hongrie ou la torture en Algérie.
Les années 1965-1966 marquent un tournant dans son évolution politique, en rompant avec de Gaulle ; et philosophique, puisqu’il retrouve la foi catholique. Il s’en expliquera dans Ce que je crois.
En mai 1968, il radicalise ses engagements dans une contestation de plus en plus radicale. Il abandonne son poste de professeur au lycée Buffon. Le Nouvel Observateur publie des textes qui en font un intellectuel de premier plan, mais ses positions extrêmes lui ferment d’autres médias, notamment audiovisuels. Il défend des convictions maoïstes et en même temps l’encyclique Humanae Vitae qui condamne la contraception et l’avortement. Il s’interroge avec véhémence sur le sens de la vie et sur la crise de notre société aux idéologies moribondes. Il s’établit à Asquins, près de Vézelay, en 1975 et y meurt le 23 avril 1979. Celui que l’archevêque de Paris, Jean-Marie Lustiger, a qualifié de « prophète de notre temps », est inhumé aux pieds de la basilique de Vézelay.
L’œuvre de Maurice Clavel est multiple. Des romans et essais, on peut retenir La Pourpre de Judée (1967) ou Le Tiers des étoiles (1972) qui obtint le Prix Médicis. Pour le théâtre, Les Incendiaires (1946), La Grande Pitié du Royaume de France (1956) ou Antoine et Cléopâtre (1965) monté au Théâtre Sarah-Bernhard. Au cinéma, Clavel a collaboré à une dizaine de films en qualité de scénariste et de dialoguiste dont Une Fille pour l’été d’Édouard Molinaro (1960) ou Les Mariés de l’an II de Jean-Paul Rappeneau (1971).