Pierre Varenne, qui adoptera le nom de Louki, est né le 25 juillet 1920 à Brienon-sur-Armançon (Yonne). Son père, gravement blessé à la guerre, est instituteur, partisan de la pédagogie Freinet et militant syndical ; sa mère meurt accidentellement lorsqu’il a 3 ans. Son père va se remarier en 1924. Sa seconde épouse aimera Pierre comme son propre fils. Il passe son enfance à Irancy. À 14 ans, il entre à l’École nationale d’horlogerie de Besançon ; à la sortie, il est embauché par la fabrique des montres Lip. En 1938, son père est nommé directeur d’école à Laroche-Saint-Cidroine. Excellent enseignant ses idées politiques vont le conduire en déportation à Auschwitz où il meurt, considéré comme un saint laïc par ses amis du camp.
Pierre est réquisitionné pour le service du travail obligatoire (STO) et, plutôt que de partir en Allemagne, passe au maquis de l’Yonne puis sert dans la Première armée. Il épouse Odette Lacour le 21 janvier 1945. Ils auront un fils, Georges. Il reprend à Brienon une boutique d’horloger mais il est attiré par la comédie et fait des stages à Dijon puis à Marly-le-Roi. Finalement, il part pour Paris en 1950. Comédien et horloger, il répare les montres dans sa petite boutique de la rue Gassendi et commence à jouer avec son ami Roger Blin.
Pierre Varenne se fait connaître ensuite comme auteur–interprète dans les cabarets de la rive gauche sous le nom de Pierre Louki. Sa chanson La Môme aux boutons pour Lucette Raillat est le tube de 1954 ; il est l’un des Copains d’abord de Georges Brassens et chante en première partie de ses récitals. Il écrira finalement plus de deux cents chansons, pour lui-même et pour les autres : Cora Vaucaire, Juliette Greco, Jean Ferrat, Philippe Clay, Colette Renard, Annie Cordy… Certaines de ses chansons ont fait le tour du monde comme Le Tailleur est ici qui commence par « Savez-vous par bonheur où habite le tailleur ? »
Il écrit une vingtaine de dramatiques diffusées sur France-Culture dont : C’est toi Pierrot (1971), C’est pas mon frère (1975)… ; il écrit aussi des livres pour enfants : Annie dans la Valise (1989), Le Parapluie de Monsieur Émile (1993), Le Petit Cheval (1999)… Il participe aussi à de nombreuses émissions télévision de Jean-Chistophe Averty.
Pierre Louki reçoit le prix de l’Académie Charles-Cros en 1972, et, en 1999, la SACEM lui décerne son prix André-Didier Mauprey.
Il revient périodiquement dans le Morvan à Anost puis dans l’Yonne à Thorigny–sur-Oreuse. Son dernier ouvrage, Quelques confidences, paru en 2006 un peu avant sa mort, donne un bel éclairage sur sa vie et sur son amour pour son épouse Odette décédée en 2003. Des chansons écrites pour elle : Je n’eus qu’un amour et Folette et moi, on t’attend sont dans son dernier album. Tous les deux reposent au cimetière de Brienon-sur-Armançon.
Laurent Terzieff a défini ainsi l’art de Pierre Louki : « Il met les mots en pièce et il ne les recolle pas. Mais il leur rend leur tendresse oubliée, leur musique secrète, leur poésie : il leur donne la liberté. »
Pierre Louki apporte lui-même sa conclusion : « Toutes les mains qu’on voudrait tendre/ Et qu’on diffère par pudeur/ Toutes les mains qu’on n’a pu prendre/ Faute de temps, faute de cœur. »
Deux articles remarquables consacrés à Georges Varenne, son père, et à Pierre Louki se trouvent dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, dir. Jean Maitron, en ligne : maitron-en-ligne.univ-paris1.fr