Joseph Jacotot est né le 4 mars 1770 à Dijon. Il entre au collège des Godrans à neuf ans comme pensionnaire. Dès mars 1784, on lui confie la charge de suppléer le professeur de langues anciennes. Il étudie ensuite les mathématiques et en 1789 il est licencié en droit.
Inscrit au barreau comme avocat, il demande cependant un poste de professeur de latin, grec et hébreu, au collège des Godrans.
En 1792, Jacotot qui milite depuis 1788 au sein de la Fédération de la jeunesse dijonnaise, part défendre la Patrie. Il sert en qualité de capitaine d’artillerie. Il rejoint ensuite Paris où il est affecté au bureau des poudres et salpêtres puis à la commission d’organisation du mouvement des armées.
Jacotot préfère l’enseignement et revient en juin 1795 au collège des Godrans, devenu École centrale, dans la chaire de Méthode des sciences ou logique et analyse des sentiments et des idées. En juillet, il ouvre une école préparatoire à l’École centrale et commence à appliquer ce qui deviendra la méthode Jacotot. Il devient successivement professeur en mathématiques transcendantes au Lycée impérial, professeur suppléant de droit romain à la nouvelle École de droit, professeur de mathématiques pures à la Faculté des sciences… Un décret impérial de 1808 confère le titre de docteur à beaucoup de professeurs et Jacotot pourra se dire docteur ès-lettres, ès-sciences et en droit !
Lors des Cent jours, Joseph Jacotot est élu député de la Côte-d’Or. Au retour des Bourbons, limogé, il s’exile en Belgique, pays de son épouse. Il obtient un poste de lecteur à l’Université de Louvain.
Il doit apprendre le français à des étudiants néerlandophones bien qu’il ne maîtrise pas le flamand. Encouragé par ses réussites pédagogiques, il enseigne ce qu’il ignore (comme la peinture et le piano), développe une méthode d’enseignement universel et organise un réseau d’écoles. La méthode Jacotot consiste à apprendre par cœur et à assimiler ce que l’on a appris en le répétant et en l’enseignant à d’autres. Il écrit de nombreux ouvrages sur ce type d’enseignement ; le premier Enseignement universel, langue maternelle, paraît en 1823. En 1830, Jacotot revient en France et, de retour à Paris, il se consacre à « des pères de famille pauvres souhaitant, bien qu’ils ne sachent ni lire ni écrire, enseigner à leurs enfants la lecture, l’écriture, les sciences ». Il meurt à Paris le 30 juillet 1840. Une rue porte son nom à Dijon, mais son œuvre tombera quelque peu dans l’oubli.
Claude Raisky, Joseph Jacotot : le pédagogue paradoxal, Dijon, Raison et Passions, 2012, 216 p.