Né vers 470 à Chalon, dans le royaume burgonde, Cesarius y embrasse la carrière cléricale, avant de céder à l’appel de l’un des pôles les plus actifs de la chrétienté tardo-antique : l’île monastique de Lérins. À cette haute époque, on ne se retire pas nécessairement au monastère pour la vie ; il peut très bien s’agir d’un temps de formation et de maturation intellectuelle, spirituelle et pastorale. C’est le cas pour Césaire qui gagne après quelques années la capitale de la Provence chrétienne, Arles. Diacre, prêtre, abbé de monastère, il est appelé à l’épiscopat vers 503, pour une quarantaine d’années. La fonction qui lui échoit est considérable, en raison de l’importance politico-ecclésiastique de la cité, confirmée lorsque le pape Symmaque concède à Césaire, avec le pallium, le vicariat apostolique des Gaules. En tant que tel, il préside toute une série de conciles décisifs pour la construction institutionnelle, dogmatique, liturgique et disciplinaire de l’Église gauloise, d’Agde (506) à Marseille (533). Pour ses ouailles, Césaire est un prédicateur inlassable, prompt à recourir à toutes les « ficelles » de la technique oratoire pour retenir l’attention d’un peuple qui ne semble pas gagné d’avance ; ses sermons, conservés au nombre de 200 et plus, sont un des documents les plus remarquables de l’Antiquité chrétienne. Césaire n’oublie pas qu’il vient du monachisme ; il est fondateur et législateur de communautés, particulièrement pour les pieuses femmes groupées autour de sa sœur Césarie, à qui il destine la première règle comportant la clôture stricte des moniales. Nous connaissons de mieux en mieux ce grand organisateur d’Église, grâce notamment à l’archéologie, qui a renouvelé ces dernières années notre image d’Arles au VIe siècle : une « grande église » mise au jour assez loin de l’actuel Saint-Trophime est probablement la cathédrale où le bourguignon Césaire a longtemps siégé et prêché, à la charnière des temps impériaux et « barbares ».
Sermons : éd. et trad. Sources chrétiennes, n° 175, 243, 330, 447 (1975-2000) ; œuvres pour les moniales : ibid. n° 345 (1988) ; œuvres pour les moines : ibid. n° 398 (1994). - Entre ciel, mer et terres : l’île monastique de Lérins (Ve-XXe s.), Gand, Snoeck, 2017, 269 p. ; - « Arles », Topographie chrétienne des cités de la Gaule, t. 16, 2014, p. 37-45.