Émile Nourry nait à Autun le 6 décembre 1870 ; libraire, éditeur parisien, bibliophile, il appartient, avec Paul Sébillot (1843-1918) et Arnaud Van Gennep (1873-1957), à cette génération des folkloristes et publie de nombreuses études sous le pseudonyme de Pierre Saintyves. Si son premier ouvrage étudie La réforme intellectuelle du clergé et la liberté d’enseignement (1904), il explore notamment les liens entre religion et pratiques religieuses, le folklore biblique (1922), les liturgies populaires comme rondes enfantines et quêtes saisonnières (1919), les origines de la médecine (1920), les contes et récits parallèles (1923), l’astrologie, le folklore des eaux (1934), cette eau qui ensorcelle toujours. Le spectre de sa curiosité extrêmement large, le fait participer activement à la découverte de la richesse du patrimoine ethnologique de la France prolongeant ainsi les investigations initiées par l’Académie celtique fondées en 1804 sous l’impulsion de J.-A. Dulaure (1755-1835) dont la formation était celle de l’esprit des Lumières. La société rationaliste du XIX^e siècle découvre ainsi croyances et coutumes curieuses, voire bizarres révélant une étrangeté à l’intérieur de sa propre culture, et souhaite y trouver une cohérence cachée. Explorer l’irrationnel de cette culture est l’objectif de Pierre Saintyves qui appartient encore à ce siècle qui se prolonge jusqu’à la première guerre mondiale dont il étudie les origines (Les responsabilités de l’Allemagne dans la guerre de 1914). Mais plus qu’un homme de terrain, Saintyves est homme de cabinet et ses goût livresques le conduisent vers des voies plus théoriques avec notamment des comparaisons avec des textes savants du Moyen-Age ou de la Renaissance ; il propose une analyse diachronique prenant en compte par exemple la culture du Moyen-Âge dans sa globalité pour mettre en continuité livres d’heures et almanachs. Sa recherche sur la météorologie populaire et les influences de la lune est exemplaire.

Président de la Société du folklore français, directeur de la Revue du folklore français et de la Revue anthropologique, il est également maître de conférences à l’École d’anthropologie de Paris. Il meurt le 27 avril 1935.