Capitaine affecté à l’état-major du 5e corps de l’armée du Rhin, Léonce de Piépape est blessé au cours d’une reconnaissance et fait prisonnier fin août 1870. Ce n’est qu’en 1900, alors gouverneur de Dijon, auteur de nombreux ouvrages historiques, qu’il se consacre à l’écriture d’un important ouvrage, particulièrement bien documenté, de 482 pages, consacré à la guerre franco-prussienne, intitulé Le coup de grâce : épilogue de la guerre franco-allemande dans l’Est (décembre 1870-février 1871). Le livre, qu’il dédie à la mémoire du duc d’Aumale auprès duquel il fut affecté au 7e corps d’armée à Besançon en 1873, sera publié en 1906. Il comporte une cartographie. Des vingt chapitres, nous ne retiendrons que le 13e, qui intéresse plus particulièrement Dijon et la Côte-d’Or, d’octobre 1870 à janvier 1871. Dans le prologue de ce chapitre, Léonce de Piépape, regrette que la politique ait pris le pas sur les considérations militaires, en ménageant Garibaldi, auquel Gambetta avait confié le commandement des corps francs, ou l’armée des Vosges en novembre 1870, et l’armée de l’Est placée sous le commandement de Bourbaki. Il ne ménage pas ses critiques envers le vieux condottiere, ses manœuvres d’évitement, ses actions discutables et regrette que la défiance qui régnait entre lui, ses fils, et les chefs de l‘armée des Vosges, fit que les Prussiens purent s’emparer facilement de Dijon le 30 octobre 1870, puis les 21 à 23 janvier 1871. Journées marquées cependant par la prise d’un drapeau du 61e régiment poméranien à l’entrée nord de Dijon, non loin de Pouilly. Au terme de ce chapitre, c’est en militaire aguerri que Léonce de Piépape livre un constat amer, reprochant en particulier à Garibaldi de ne pas avoir secouru l’armée de l’Est de Bourbaki. Pour reprendre la conclusion de l’historien Hubert Heryès : « ses admirateurs (de Garibaldi) virent en lui l’aventurier républicain, le révolutionnaire généreux et désintéressé, le défenseur des peuples opprimés, l’incarnation des valeurs fondamentales de l’humanité, l’héritier de l’esprit des Lumières et de la Révolution française, le nouveau messie libérateur. Ses ennemis, au contraire, dénoncèrent en lui le sot dangereux, l’opportuniste inquiétant, l’antéchrist et l’agent cosmopolite, l’histrion de la commedia dell’arte et l’imposteur militaire ».
Léonce de Piépape, Le coup de grâce : épilogue de la guerre franco-allemande dans l'Est (décembre 1870-février 1871), Plon-Nourrit et Cie, 1906, V-503 p. ; - Hubert Heyriès, « Garibaldi, chef de guerre », Recherches Alpes maritimes et contrées limitrophes régionales, n° 182, avril-juin 2006, p. 48-68.