Émile-Guillaume Hervet est né le 7 avril 1836 à Châteauneuf-sur-Cher (Cher). Il fait ses études à Paris et, en 1865, à peine âgé de trente ans, il débute sa carrière d’homme de lettres par la publication d’un premier roman intitulé Un Début dans l’Amour. Entré dans le journalisme parisien, fervent bonapartiste, il écrit à L’Ordre de Paris et publie en 1870 un opuscule intitulé Le Plébiscite de 1870. Oui ou non dans lequel il donne bien évidemment une réponse positive. Après la mise en place de la Troisième République, il continue sa collaboration avec L’Ordre de Paris et avec Le Gaulois : chargé de la rubrique parlementaire, il s’occupe également de critique picturale. On sait aujourd’hui qu’il a confié l’écriture de ses articles à un « nègre », en l’occurrence Octave Mirbeau.
L’année 1879 est pour Émile Hervet décisive dans sa vie privée et professionnelle. En avril, il se marie à Paris avec Mme Bachelet. Et, alors que les riches et influents députés bonapartistes nivernais, le comte Albéric d’Espeuilles et le baron Philippe de Bourgoing, rachètent le Journal de la Nièvre, plus important organe de presse du département, ils se tournent vers lui pour en prendre le poste de rédacteur en chef. Dans l’édition du mercredi 2 avril 1879 apparaît donc pour la première fois son nom en haut du journal ; il ne « disparaîtra » que dans l’édition du vendredi 1er août 1919 soit un peu plus de 40 années de présence à ce poste, record absolu de longévité à la tête d’un même journal nivernais.
Durant les premières années de la République, les combats politiques entre le Journal de la Nièvre et les journaux républicains nivernais sont particulièrement âpres, les rédacteurs en chefs ne reculant pas devant les invectives. Émile Hervet, défenseur de l’ordre et de la religion, portera ses plus vives critiques contre la libre-pensée, la franc-maçonnerie et le socialisme.
Mais, peut-être aussi pour s’échapper de ces luttes politiques, Émile Hervet continue de s’intéresser à la critique d’art en publiant articles et fascicules et en recevant quelques prix parisiens (en 1886 et 1891 notamment). Localement, il publie un ouvrage sur le peintre nivernais Amédée Jullien (1890) et sur les faïences de Nevers (1895). Lorsque sa femme décède en août 1905 à Nevers, on sait que son poste de rédacteur en chef lui rapporte 6 000 francs par an. Somme conséquente mais qui ne l’enrichira sûrement pas puisque, après son décès le 30 décembre 1919 à Nevers, sa succession ne s’élève pas à plus de 400 francs.