D’origine polonaise, Abram Krol (Pabjanice, 22 janvier 1919 – Paris, 9 octobre 2001) était arrivé en France en 1938 pour suivre des études en génie civil. Après la disparition de sa famille demeurée prisonnière du ghetto de Lodz, il choisit de rester en France et d’y mener une carrière artistique ayant suivi les cours de l’École des beaux-arts d’Avignon et bénéficié des conseils du graveur Josef Hecht. Dès 1946, la galerie Katia Granoff lui consacra une première exposition ; sa renommée dépassa vite nos frontières et ses réalisations reçurent un accueil favorable jusqu’en Californie ; il reçut régulièrement des commandes de la Monnaie de Paris. Abram Krol éprouvait un attachement tout particulier pour la Bourgogne et pour Dijon. En effet, il avait fait l’acquisition d’une maison dans le hameau de Bonval, près de Pont-sur-Yonne ; il en avait transformé une partie des combles en atelier de gravure. Dès les années 1950, avec l’idée d’enraciner son travail dans la mémoire collective et dans la hantise du sort réservé aux juifs européens au cours du siècle dernier, il décida de faire spontanément don à la Bibliothèque municipale de Dijon des ouvrages de bibliophilie qu’il illustrait ; de ce fait, cet établissement conserve un grand nombre de ses œuvres gravées sur bois ou sur cuivre, où la Bible et le règne animal constituent ses principales sources d’inspiration ; il s’intéressa aussi à la calligraphie, notamment hébraïque, car il était extrêmement fidèle à ses origines ; il illustra aussi des textes d’Eschyle, d’Oscar Wilde, de Paul Valéry et se fit également portraitiste… En reconnaissance d’une telle générosité, une exposition de l’œuvre d’Abram Krol fut organisée au Musée archéologique de Dijon en 1993 ; la Bibliothèque édita un Pentateuque richement illustré de 189 tailles d’épargne dont les exemplaires de luxe furent imprimés par Thierry Bouchard, imprimeur-typographe à Losne ; l’artiste fit don d’un magnifique ensemble de trois cavaliers sur émaux à la Ville de Dijon pour la façade de l’école Chevreul. Fréquenter Abram Krol et son épouse Vito, bénéficier de leur conversation et de leurs souvenirs étaient un grand bonheur : ils nous manquent toujours…