LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1869 ● Décès d’Alphonse de Lamartine, inhumation à Saint-Point

Alphonse Marie Louis de Prat (ou de Pratz) de Lamartine naît à Mâcon le 21 octobre 1790, au sein d’une famille tant bourguignonne que comtoise, catholique et monarchiste. Il est l’aîné de cinq sœurs : Cécile, Eugénie, Césarine, Suzanne et Sophie, portant l’espoir de la survivance du nom. Études auprès d’un prêtre voisin de Milly, l’abbé Dumont curé de Bussières (l’inspiration de Jocelyn, 1836), puis à Lyon et à Belley. Envoyé en Italie par ses parents afin de rompre une idylle naissante, il tombe amoureux d’une jeune Napolitaine, donnant naissance à son futur roman Graziella (1849). Quelques passions l’occupent, dont celle de Nina Dezoteux au château de Cormatin, mère de Léon de Pierreclau, reconnu de fait par son père Alphonse de Lamartine et décédé sans postérité. En 1816 Alphonse de Lamartine rencontre par hasard lors d’une cure à Aix-les-Bains Julie Charles, créole née d’une famille de Saint-Domingue, souffrant de tuberculose galopante. Elle est alors à 32 ans l’épouse d’un docte physicien âgé de 70 ans. Source de très belles inspirations (Le Lac notamment), ce grand amour s’éteint par la mort de Julie un an plus tard. Ainsi sa pensée amoureuse réunit-elle successivement plusieurs femmes idéalisées en un mythe : Elvire. Il épouse cependant en 1820 une jeune Anglaise, Mary Ann Birch (1790-1863) qui lui apporte une stabilité affective et un fort soutien familial.

Les Méditations (1820) obtiennent un succès considérable. Il devient soudain une figure majeure du romantisme. Tandis qu’il publie de nouveaux recueils poétiques (Les Nouvelles Méditations, 1823 ; Les Harmonies poétiques et religieuses, 1830), il est élu à l’Académie française (1829). Il pratique tous les genres : outre la poésie, le roman en prose (Raphaël, 1849) ; le roman en vers (La Chute d’un ange, 1838) ; le théâtre (Médée ; Saül ; Toussaint Louverture) ; l’histoire (celles des Girondins ; de la Restauration ; des Constituants ; de la Turquie ; de la Russie) ; des mémoires ; de nombreuses biographies ; une abondante correspondance ; des articles dans la presse ; des discours…

Après avoir été secrétaire d’ambassade en Italie, il s’engage dans la politique, monarchiste puis républicain, élu député du Nord (Bergues) de 1833 à 1837 ; de Saône-et-Loire (Mâcon) de 1837 à 1848 ; des Bouches-du-Rhône de 1848 à 1849 ; du Loiret (Gien) de 1849 à 1851. Conseiller général de Mâcon-Nord puis de Mâcon-Sud, il préside à plusieurs reprises l’assemblée départementale de Saône-et-Loire, s’opposant notamment à Eugène Schneider. Qu’on imagine la qualité des débats ! Il est également conseiller municipal de Mâcon après avoir été maire de Milly (1812). À la suite notamment du banquet historique de Mâcon (18 juillet 1847), il devient une figure majeure de la Seconde République, appelé au gouvernement provisoire et ministre des affaires étrangères (février à mai 1848). Il s’oppose à l’adoption du drapeau rouge et conduit aux trois couleurs, développe une politique assez modérée, signe l’abolition de l’esclavage. Homme aux idées « avancées », il ne craint pas de défendre des valeurs généralement délaissées par son milieu social. Il croit au progrès, social ou technique.

Il s’exprime par des discours remarqués mais aussi par le journalisme, créant notamment en 1843 et animant jusqu’en 1848 Le Bien public (sans rapport direct avec le titre dijonnais). Grand propriétaire terrien, il possède quelque 50 ha de vignoble en Mâconnais, plusieurs demeures et domaines sur des centaines d’ha peu à peu vendus par nécessité (Montculot, Milly, hôtels et maisons à Mâcon, etc.). Au début des années 1830, son voyage en Orient (Grèce, Liban, les Lieux Saints, la Serbie et notamment la Bulgarie) suscite un grand retentissement, hostile à l’occupation ottomane et favorable à la liberté des peuples. Son épouse et lui ont cependant la douleur de perdre près de Beyrouth leur fille Julia (1822-1832). Leur fils Alphonse était mort en bas âge.

Lourdement battu lors de l’élection présidentielle de 1848 par Louis Napoléon Bonaparte (obtenant 0,26 % des voix), il se retire de cette forme de vie publique. Jusqu’à son décès à Paris le 28 février 1869, il écrit (ou signe des textes souvent l’œuvre de son épouse) une « littérature alimentaire » (fascicules vendus par abonnements, des biographies notamment) ponctuée parfois de réussites comme Le Tailleur de pierre de Saint-Point (1851) ou le beau poème de La Vigne et la Maison (1857). Selon son vœu il est inhumé à Saint-Point. L’Académie de Mâcon plantera en 1940 un pied de vigne auprès du tombeau du poète, afin de respecter l’un de ses souhaits poétiques. Sites lamartiniens bourguignons : Milly, le château de Saint-Point en belle renaissance, celui de Pierreclos et il en est de même, Bussières (le pays de Jocelyn), le château de Montceau et La Solitude de Lamartine dit aussi le Pavillon des Girondins où il aurait écrit une partie de son Histoire des Girondins (1847, 8 volumes), le château de Montculot en Côte-d’Or, etc. Sa mémoire est honorée avec fidélité en Mâconnais et en Bourgogne.

Émile Magnien, Avec Lamartine en Bourgogne, Bourg-en-Bresse, La Taillanderie, 1988, 303 p., ill. ; - Maurice Toesca, Lamartine ou l’amour de la vie, Albin Michel, 1969, 587 p.