Né à Dijon le 15 octobre 1569 « d’une famille honnête » (selon Papillon), après avoir effectué son noviciat à Novarella (les jésuites étant alors exilés en Italie) et fait des études à Bologne et Padoue, Étienne Binet rentra en France dès après l’édit de Rouen (1603).
Recteur à Rouen puis à Paris, il fut ensuite provincial des provinces de Champagne, Lyon, et Paris. Prédicateur réputé, sa première intervention fut son oraison funèbre prononcée à Troyes en 1611 pour le bout de l’an du roi Henri IV. Auteur prolifique, il publia entre autres ouvrages une Fleur des Psaumes de David, 1615, une Consolation et réjouissance pour les malades et personnes affligées, 1616, un Abbrégé de la vie éminente de S. Ignace de Loyola, 1622 ; son Essai des merveilles de nature et des plus nobles artifices, boîte à outils pour les prédicateurs, eut 24 éditions entre 1621 et 1658. Son habileté est reconnue dans le règlement de la question des réguliers débattue à l’Assemblée générale du clergé en 1625 ; à la suite d’un entretien avec l’évêque de Langres Sébastien Zamet, il rédigea la Réponse aux demandes d’un grand prélat touchant la hiérarchie de l’Eglise et la juste défense des privilèges et des réguliers. Proche de Marguerite d’Arbouze et des bénédictines du Val-de-Grâce, il s’impliqua tout particulièrement dans le développement de la Visitation. Condisciple de saint François de Sales au collège de Clermont, il attribuait à celui-ci sa vocation et sainte Chantal, qui prenait volontiers son « avis bon, solide et droit » (elle le cite 63 fois dans sa correspondance, éd. Burns) a écrit « n’avoir jamais ouï un esprit plus conforme en solide dévotion à celui de Mgr [François] ». À preuve, l’ouvrage qui peut être considéré comme son testament spirituel : Quel est le meilleur gouvernement, le rigoureux ou le doux ? 1636, où il plaide pour le second et fait un panégyrique ému du bienheureux évêque de Genève. Il mourut à Paris le 4 juillet 1639.
Notice de M. Olphe-Galliard, Dictionnaire de spiritualité ascétique et mystique : doctrine et histoire, t. 1, Beauchesne, 1932, col. 1620-1623 ; - Carlos Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, 1, Schepens-Picard, 1890, col. 1488-1501.