Le 15 juillet 1918 mourut à Sarry (Yonne) Ernest Petit, historien de la Bourgogne et élu local. Il était né le 28 mars 1835 au prieuré de Vausse (Chatel-Gérard, Yonne), ancienne dépendance de l’abbaye du Val de Choux où sa famille avait établi une faïencerie alors gérée par son père, le médecin François Petit. Après des études à Tonnerre, à Auxerre puis au lycée Charlemagne à Paris, il opte pour l’École des mines, dans la perspective de reprendre l’entreprise familiale.
Mais, plus attiré par les lettres et l’histoire, il se consacre bientôt totalement à l’histoire de la Bourgogne. Il se lance dans la recherche sans formation spécifique, mais avec une véritable passion pour l’analyse des documents originaux qu’il consulte dans les dépôts publics d’archives et les bibliothèques ou qu’il déniche dans les archives restées en mains privées.
Cette passion d’historien et de collectionneur est née de la découverte à Vausse d’un lot de documents anciens dans lequel la cuisinère procédait à un étrange tri : elle utilisait les plus solides pour couvrir pôts de confiture et de cornichons et jetait ceux qui lui apparaissaient impropres à cet usage. Les pièces sauvées par lui furent les premiers éléments d’une collection de pièces des XIIe-XIXe siècles qui comptait 780 liasses, registres et dossiers et qu’il installe à l’étage supérieur de la chapelle de Vausse. Il y prépare une centaine de publications concernant l’ensemble de la Bourgogne. En arrière plan de ces travaux ponctuels, il se lance dans une entreprise d’une exceptionnelle envergure : l’Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne, publiée en 9 volumes, de 1885 à 1905, par la Société bourguignonne de géographie et d’histoire. Chaque volume comprend un exposé chronologique des faits et un catalogue des documents sur lesquels celui-ci est fondé, éventuellement complété de transcriptions partielles. Son intérêt se porte également sur les ducs valois : en 1888 il publie dans la prestigieuse collection des Documents inédits les Itinéraires de Philippe le Hardi et Jean Sans Peur, ducs de Bourgogne (1365-1419) d’après les dépenses de leur hôtel. Pour justifier tant de savoir accumulé et partagé, il déclarait : « N’oublions pas que c’est par les investigations laborieuses des sociétés de province, plus encore que par les grandes publications officielles, que l’histoire s’est rajeunie de nos jours. »
Parallèlement à cette intense activité scientifique, il participe à la vie politique et administrative locale. Il est élu conseiller général de l’Yonne pour le canton de Noyers en 1877 et délégué au Conseil académique de Dijon. Après son décès ses collections et les volumes de notes et copies qu’il avait accumulés furent en partie dispersés, l’essentiel ayant été réparti entre les Archives départementales de l’Yonne et de la Côte-d’Or, la Bibliothèque municipale de Dijon et la Bibliothèque nationale.
Florentin Debrand, « Ernest Petit », Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles lettres de Dijon, 1934, p. 3-30 (avec une bibliographie complète).