LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1768 ● Naissance de Pierre Morland, chirurgien et professeur d’histoire naturelle

Pierre Morland, né à Dijon le 16 janvier 1768, fut attiré tôt vers la chirurgie et devint un des meilleurs élèves d’Antoine-Michel Leroux, chirurgien en chef de l’hôpital et membre de l’Académie, connu pour être du parti des Encyclopédistes et grand dignitaire de la Loge. Pierre Morland fut gagné aux idées nouvelles ; à 21 ans il adhéra avec enthousiasme au mouvement révolutionnaire Dès le 15 août 1789, il est inscrit parmi les volontaires grenadiers. Il fait campagne, en 1792, avec l’armée de Sambre et Meuse. En 1793, chirurgien major, il suit son unité ramenée à l’intérieur pour réprimer les soulèvements provoqués par l’arrestation des Girondins.

Il quitte l’armée et retourne en Bourgogne en 1796. Il s’installe comme chirurgien. Il devient aussi professeur de botanique. Puis, en 1798, il est nommé professeur du cours d’anatomie que la Ville vient de créer.

Il est reçu membre résidant de l’Académie de Dijon, laquelle vient d’être reconstituée. Il sera membre éminent de l’ Académie de 1798 à 1816. Il est également chargé du cours de physiologie. Pour obtenir le grade de docteur en médecine, il prépare une thèse qu’il soutient à Paris le 3 août 1805. En 1809, dans le cadre de la régularisation générale gérant la nouvelle Université Impériale, est créée la faculté des sciences de Dijon. Avec le grade de docteur ès-sciences il est nommé le premier professeur titulaire de la toute nouvelle chaire d’histoire naturelle

Secrétaire perpétuel de l’Académie, il rédige régulièrement des « comptes rendus » des travaux entre 1800 et 1813. Pierre Morland est un bel exemple de médecin, de naturaliste. il a publié des articles qui ne sont pas étrangers à l’accusation d’irréligieux portée sur lui par ses opposants royalistes légitimistes. De plus il a adhéré au régime impérial et son bonapartisme ardent va lui valoir de graves ennuis sous la Restauration.

Aux Cent Jours accueillis avec enthousiasme, Pierre Morland entre au conseil municipal. Mais le retour en juin 1815 des Bourbons entraîne à l’université une dure épuration. L’Académie des sciences, arts et belles lettres écarte les membres jugés indésirables – Pierre Morland, en même temps que Carnot, Monge, Guyton-Morveau, Prieur de la Côte-d’Or, etc. Arrêté le 8 mai 1816 , en résidence surveillée, Pierre Morland doit ensuite attendre deux ans avant d’être réintégré à la faculté des sciences.

L’Académie royale de médecine lui rendit un vif hommage en le nommant son correspondant, le 12 juillet 1829. En 1830, après la Révolution de Juillet, il revient au conseil municipal. Par contre, il refuse de revenir à l’Académie de Dijon d’où il avait été exclu ; mais il fit partie de la Commission des antiquités de la Côte-d’Or. Conservateur du Cabinet d’histoire naturelle de la ville, il proposa en 1832 le transfert du Jardin botanique et il assura la réorganisation des collections de minéraux, de fossiles, d’animaux empaillés… qui prirent place à l’Arquebuse. Il décède en avril 1837 à 69 ans.

Pierre Feuillée et Raymond Ciry, « L’histoire naturelle à la Faculté des sciences de Dijon (1808-1958) : histoire de la chaire de géologie », Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, t . 147, 2011-2012, p. 185-206, ill.