Jeanne Boutet de Monvel, née en 1917 à Cauderan (Gironde), passe son enfance et son adolescence à Ignauval, non loin du Havre. Elle fait ses études classiques dans cette ville, passe un brevet d’infirmière, tout en pratiquant le chant, passion qui ne la quittera pas. Elle fait un stage pendant l’hiver 1938-39 dans un village de potiers, à Saint Amand-en-Puisaye, auprès d’Eugène Lion. En 1943, elle ouvre un premier atelier à Paris où elle s’installe avec une amie potière. L’atelier de céramique de Jeanne est très vite après la guerre un lieu d’exposition privilégié, d’échanges entre jeunes artistes. La rencontre entre Jeanne et le comédien Norbert Pierlot aboutit à leur mariage le 18 septembre 1948. Jeanne fait découvrir à son mari, lors d’un second séjour à St Amand-en-Puisaye en 1950, toute la région qu’elle affectionne. Une visite au château de Ratilly sera déterminante pour la suite de leur vie. Ils l’achètent en 1951, s’y installent, et y créent une poterie.
Les œuvres aux formes utilitaires et les pièces uniques qu’ils créent vont prendre une large part dans le grand renouveau de la production de grès qui atteindra son apogée dans les années 70. La forteresse de Ratilly est restaurée et une famille de cinq enfants est fondée. Dès l’été 1952 arrivent les premiers stagiaires qui se succèderont pendant 35 ans pour découvrir et partager le métier de potier.
Norbert va abandonner le théâtre pour se consacrer à la céramique, à la restauration du château et son animation. Jeanne développe pour la table des formes aux lignes simples et dépouillées dans un grès brun préparé à Ratilly, recouvert d’un émail blanc laiteux ; toutes les pièces sont signées d’une chouette. Ratilly devient dès 1956 l’un des rares centres d’art contemporain en France en milieu rural. Les plus grands artistes sont exposés. Norbert disparaît en 1979. À partir de 1980, Jeanne Pierlot veut diffuser davantage le chant choral et fonde une chorale ; elle durera 35 ans. En 1983, Jeanne publie Le chant, le libre geste vocal manuel de technique vocale inspiré des maîtres du passé et du présent. Sa fille Claire au piano accompagne sa mère dans les lieder de Schubert ou Schumann, Brahms et les mélodies françaises : Fauré, Duparc… notamment pour le projet du troisième disque qui est enregistré juste avant la mort de Jeanne le 6 janvier 1988. Ses cinq enfants auront à cœur de prendre sa suite pour continuer à faire vivre le magnifique site de Ratilly sorti de l’abandon.