Fils du potier Amand Lion, Eugène Lion (1867-1945) n’a qu’une vingtaine d’années quand Jean Carriès arrive en Puisaye à l’automne 1887, venant chercher là une alternative céramique à l’édition en bronze de ses sculptures, et les secrets des émaux lui rappelant la « peau » des grès traditionnels japonais qu’il admirait tant. Le jeune Eugène, qui possède déjà un solide bagage, va initier Carriès à la technique séculaire de la poterie utilitaire, et sera le lien unissant – tant bien mal – le fougueux créateur aux artisans locaux. Jusqu’à la mort de Carriès en 1894, Eugène Lion va mener de front sa propre production traditionnelle, et l’assistance aux travaux du maître de Montriveau. Il gardera de cette étroite collaboration le goût de l’expérimentation : ses productions artistiques postérieures sont souvent le reflet d’un point d’équilibre entre le japonisme de Carriès et le socle immuable des grès poyaudins.