Né à Arc-en-Barrois, Étienne Gabriel Peignot entre au barreau de Besançon en 1790 puis dans la garde de Louis XVI avant de se retirer à Vesoul. Il devient alors bibliothécaire de l’École centrale de la Haute-Saône, principal du collège de Vesoul, puis inspecteur de la Librairie à Dijon en 1813, année où il est admis à l’Académie de cette ville, qu’il présidera en 1832-35. Enfin, il est nommé inspecteur d’Académie, avant de disparaître en 1849. Un tel cursus reflète mal la singularité d’un homme admiré en son temps pour son immense savoir – le Larousse du XIXe s. lui consacre une longue notice – et qui fournit à Charles Nodier le sujet de l’Histoire d’Hélène Gillet. Curieux de tout, Gabriel Peignot a composé environ cent-cinquante ouvrages, le plus souvent sous forme de catalogues. Le sujet peut en être la bibliothèque (Manuel du bibliophile, Traité du choix des livres, Dictionnaire critique, littéraire et bibliographique des principaux livres condamnés au feu), l’histoire (Chronologie des anciens rois et ducs de Bourgogne, Précis chronologique du règne de Louis XVIII), mais aussi les questions les plus inattendues (L’Origine des cartes à jouer, Essai chronologique sur les hivers les plus rigoureux, Histoire morale, civile, politique et littéraire du charivari). Mais s’il aime le bizarre (Le Livre des singularités), Gabriel Peignot a voulu ordonner le savoir grâce à la « bibliologie », dont il est pour Littré l’inventeur ; et s’il sacrifie souvent à l’esprit de sérieux, il possède aussi le sens de l’humour (Amusements philologiques, Relation d’un Congrès tenu par les oiseaux de Haute-Saône). Par son étrangeté, Gabriel Peignot a attiré l’attention de Georges Perec qui, dans son « Histoire du lipogramme », en fait un ancêtre de l’Oulipo.
Brigitte Denker-Bercoff, Jacques Poirier, Le gai savoir de Gabriel Peignot (1767-1849) : érudition et fantaisie, Ed. univ. de Dijon, 2016, 176 p. (« Ecritures ») ; - Fonds Peignot, Bibliothèque municipale de Dijon, ms 3240-3349.