Camille Matignon est né le 3 janvier 1867 à Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes (Yonne. Ses parents sont cultivateurs. Très tôt sa vive intelligence est remarquée et il fréquente successivement l’école des Frères à Sens, l’école Saint Bernard de Troyes et le lycée Condorcet à Paris. En 1886, il entre à l’École normale supérieure où il se lie d’amitié avec Bernard Brunhes. Il est licencié puis agrégé de sciences physiques. Nommé préparateur à l’École des Hautes Études, il travaille dans le laboratoire de Berthelot. En 1892 il devient membre correspondant de la Société archéologique de Sens et ce titre lui sera particulièrement cher. Il soutient une thèse sur les uréides. Matignon épouse en 1896 Marguerite Charlotte Vialay ; ils auront trois enfants.
À la Sorbonne, il s’occupe des métaux rares et de leurs composés, et supplée Berthelot dans son cours au Collège de France. En 1899, une communication à l’Académie des sciences aboutit à la loi de Le Chatelier-Matignon. En1908, il devient professeur de chimie minérale au Collège de France.En 1911 il publie des articles sur l’azote lors du Congrès pour l’avancement des sciences de Dijon. Lors de la guerre de 1914-1918, on lui confie des missions pour la Défense nationale à la suite de ses travaux avec Berthelot sur les dérivés de l’azote. Dans l’après-guerre, il s’intéresse aux problèmes industriels et participe à la création de la Société de chimie industrielle. Il est le rédacteur en chef de la revue Chimie et Industrie.
Il revient à la terre en étudiant les engrais de façon à accroître les rendements. En 1924, il reçoit le Prix La Caze de l’Académie des sciences ; celle-ci l’accueille dans ses rangs en 1926. Le 7 mars 1933, il devient président de la Société des sciences historiques de Sens. En 1933, il préside à Avallon le congrès Vauban, organisé par l’Association bourguignonne des sociétés savantes. Il tombe foudroyé lors d’une réunion au Collège de France le 18 mars 1934. Camille Matignon est inhumé dans sa terre natale. Un buste a été élevé le 16 septembre 1989 et une rue de Sens porte son nom.
François Bourion, « Notice sur la vie et les travaux de C. Matignon », Bulletin de la Société française de Chimie, année 1935/1