Marie Anne Victoire Pigeon est née à Paris en 1724 mais elle a des origines bourguignonnes par son père Jean Pigeon né à Donzy en 1654 qui s’illustra en construisant des sphères où les planètes étaient mues par des systèmes d’horlogerie. Elle est l’aînée de onze enfants et passe pratiquement toute sa jeunesse à s’occuper de son père et de ses frères et sœurs. Marie-Anne, lorsqu’elle a 16 ou 17 ans, rencontre souvent Pierre Le Guay de Prémontval qui souhaite que son père lui construise une de ses sphères. Pigeon lui fait donner des leçons de mathématiques et d’astronomie à sa fille aînée.

À la mort de Jean Pigeon vers 1739, Prémontval devient en quelque sorte le tuteur de Marie Anne qui connait rapidement toutes les subtilités de l’arithmétique, de l’algèbre et de la géométrie… Elle assiste aux cours publics que celui-ci met en place en divers lieux de Paris et qui comptent, paraît-il, plus de 400 auditeurs. Marie Anne intervient alors dans ces cours et elle compose à Paris un discours pour l’ouverture d’une thèse publique de géométrie. Le Maître et le Tuteur disparaissent ensuite pour faire place à l’Amant… et le cœur du Maître et celui de l’Élève se trouvent également pris. En 1744, le couple s’enfuit à Genève. Comme Jeanne Barret a été le domestique de Commerçon, Marie Anne est jusqu’à Genève le domestique de M. de Prémontval, puis son neveu et enfin son épouse le 30 juin 1746 devant Dieu et le pasteur de Bâle à Loerach, petite ville deux lieues de Bâle. Jusqu’en 1749, on connaît la suite de l’aventure grâce aux Mémoires de M. de Prémontval, quittant la Suisse pour arriver à La Haye, le 1^er septembre 1749. La situation est alors un peu plus claire puisque le Mécaniste philosophe qui retrace la vie de son père Jean Pichon va enfin paraître en 1750, ainsi que ses Mémoires. M. de Prémontval va devenir membre de l’Académie royale des sciences et belles-lettres de Berlin le 6 juillet 1752. La situation financière du couple s’est entre-temps améliorée. Marie Anne se rapproche de Maupertuis qui avait fréquenté son père ; elle reçoit de SAR Monseigneur le Prince Henri, une pension de 200 écus et quatre cents écus pour venir à Berlin. Prémontval bien qu’il fût passionné par les mathématiques, se lance dans la métaphysique puis il meurt à Berlin le 2 septembre 1764. Son épouse y décède elle aussi en 1767. Ils sont cités par Diderot dans Jacques le Fataliste.