LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1717 ● Naissance de Jacob Moreau, historiographe du roi

Issu de la petite robe provinciale, et petit-fils d’avocat (son père Edme, janséniste, son grand-père Philippe Gallimard), Jacob Nicolas Moreau, né à Saint-Florentin le 20 décembre 1717, voulait être ministre ou évêque. Élève au collège de Beauvais, il fit son droit à Aix. La plume facile, il connut à 40 ans un moment de célébrité après l’édition de son Nouveau mémoire pour servir à l’histoire des Cacouacs – entendons les encyclopédistes – qui lui entr’ouvre les portes de la Cour, mais il sera davantage spectateur qu’acteur. Correspondant de l’évêque d’Auxerre Charles de Caylus, protégé du maréchal de Noailles, il est chargé de rédiger des mémoires d’histoire et de droit pour l’instruction du duc de Berry et du comte de Provence. Nommé conseiller à la Cour des comptes de Provence en 1764, il renonce à la magistrature. Son zèle est stimulé par la « réforme Maupeou » : chargé de rédiger les introductions des édits, il est surnommé « Moreau préambule ». En 1773, il publie les Devoirs du prince réduits à un seul principe, ou Discours sur la justice, traduit en hollandais en 1779 (Moreau était membre des académies de Bruxelles et de Harlem) et réédité en 1782, où perce la Politique de Bossuet dont il n’a pas toutefois le génie, et il achète la seigneurie de Chambourcy. L’année suivante, il obtient le titre de 2e historiographe du roi, fonction qu’il conçoit bien comme celle de défenseur de la monarchie à laquelle il fournit une nouvelle légitimation : il donne cette même année ses Leçons de morale, de politique et de droit public puisées dans l’histoire de notre monarchie, qui annoncent ses Principes de morale, etc. ou Discours sur l’histoire de France, 21 vol. (sur 40) de 1777 à 1789. Foin d’érudition, il commence par « juger les faits avant que de les exposer »… à sa manière… Emprisonné quelques mois pendant la Révolution, il perdit la vue, dicta ses Souvenirs (2 vol. 1898-1901) et mourut dans son château le 29 juin 1803.

Dieter Gembicki, « De Jacques-Bénigne Bossuet, précepteur du Dauphin, à Jacob-Nicolas Moreau, historiographe de France : deux jalons du conservatisme religieux sous l’Ancien régime », Journées Bossuet : la prédication au 17e s., actes du colloque tenu à Dijon les 2, 3 et 4 déc. 1977, éd. Th. Goyet et J.-P. Collinet, Nizet, 1980, p. 187-198.