Le 25 décembre 1617 naît Jean, deuxième fils de Gaspard de Coligny-Saligny, capitaine aux gardes d’Henri IV. De toute la fratrie, il est celui dont la vie tumultueuse constitue un condensé de ce que fut la grande noblesse bourguignonne au XVIIe siècle, entre panache et turpitudes. Page du cardinal de Richelieu puis soldat aux Gardes françaises, il est mousquetaire du roi à 19 ans à peine. Cavalier émérite, danseur réputé, le jeune Jean de Coligny est également une fine lame n’hésitant pas à se battre en duel. Il mène une jeunesse dissolue, passant « les jours au cabaret et les nuits au bordel ». Cependant le service du roi le mène en Allemagne, en Italie, en Espagne (bataille de Lérida) ou en Artois (Dunkerque et Lens) où il se montre d’un grand courage, ce qui lui permet de grimper très vite les échelons. Il est promu lieutenant-général des armées du roi. Mais notre Bourguignon est d’un caractère trempé qui lui vaut l’embastillement.
Mazarin et la reine Anne d’Autriche le nomment gouverneur d’Autun. Parmi ses amis, on compte La Rochefoucauld et le cardinal de Retz, deux puissants mémorialistes qui contribueront à lui forger une image qui survécut aux ans. Cependant, Jean de Coligny, qui a servi aux côtés du Grand Condé, le suit dans l’aventure désastreuse que fut la Fronde. Exilé durant cinq ans, il se fâche avec lui et revient en grâce.
En 1664, Louis XIV l’envoie en Hongrie pour combattre les armées turques et Jean de Coligny se montre un chef remarquable, contribuant notamment à la victoire de Saint-Gothard. Revenu en Bourgogne, il fait raser le vieux château médiéval de La Motte-Saint-Jean.
Il le remplace par un autre, correspondant aux canons du classicisme architectural. Il occupe ses journées à la rédaction de ses Mémoires, truffés d’anecdotes et d’un style alerte voire gaillard. De son mariage avec Anne de Maupas, Jean de Coligny a cinq enfants, dont deux garçons sans descendance. Une de ses filles épouse Louis de Mailly, marquis de Nesles. Jean de Coligny décède à La Motte-Saint-Jean en 1686.
Paul Chaussard, Images du passé digoinais, nouv. éd. augm. et mise à jour, préf. J. Richard, Génelard, le Caractère en marche, 1996, 279 p.