Commission des arts et lettres
L’histoire de l’art occidental est jalonnée de controverses qui mettent en évidence l’instabilité des critères d’appréciation des œuvres et des artistes. Pourtant, avec le ready-made (Roue de bicyclette, Pelle à neige, Porte-bouteilles, urinoir rebaptisé Fontaine…), la question de l’essence de l’art, préalable à tout jugement évaluatif, se voit congédiée et remplacée par une interrogation plus radicale, celle de la pertinence de la détermination de ses frontières. Marcel Duchamp n’entend pas seulement transgresser tous les tabous académiques et célébrer la quête radicale de la nouveauté comme les artistes « modernes ». En se désignant comme un « anartiste », il veut contester la légitimité même d’une définition intrinsèque de l’art.
Dans la première partie de ma communication, j’analyserai les fondements du ready-made et leur influence sur le devenir de l’art contemporain. Dans la seconde partie, après avoir rappelé que l’entreprise de Duchamp n’a évidemment pas entraîné tous les artistes sur le chemin de la mise en scène répétitive de la « mort de l’art », je montrerai qu’elle a au moins le mérite de nous inciter à reconsidérer la situation des pratiques artistiques aujourd’hui et les critères d’évaluation esthétique.