Né le 25 juin 1911 à Cerisiers (Yonne), dans une famille de militaires, Pierre Pouyade, brillamment admis à Saint-Cyr en 1930 après des études au Lycée militaire d’Autun, décida de s’orienter vers l’aviation et obtint son brevet de pilote en 1935. Affecté d’abord à la 6e escadre de chasse, promu capitaine en juin 1939, il prit part à la Bataille de France et, malgré les médiocres performances des appareils qu’on lui confia, abattit un avion ennemi avant l’armistice. Résolu à poursuivre une carrière active, il prit la tête d’une escadrille de chasse en Indochine. Mais, révolté par l’attitude des autorités vichystes qui collaboraient avec les Japonais, il passa en Chine et rejoignit les Alliés à Chongqing puis gagna l’Angleterre en février 1943. Invité par son ami Jean Tulasne à rejoindre le groupe de chasse Normandie en Union soviétique, il réunit une dizaine de pilotes volontaires et s’embarqua le 14 mai. Dès juillet, il remportait plusieurs victoires sur le front russe. Après la mort de Tulasne, il dut rapidement prendre le commandement de l’unité aérienne. Confronté à de grandes difficultés pour compléter son effectif de pilotes, il se rendit en Afrique du Nord à la fin de 1943. Il obtint des renforts et le groupe de combat devint régiment à trois, puis à quatre escadrilles. En juillet 1944, par décision de Staline, il prit le nom de Normandie-Niemen. Surnommé « Pépito » par ses camarades, as de la chasse française avec 6 victoires aériennes confirmées et 3 probables, par ses qualités d’officier et de chasseur, son ardeur au combat, son patriotisme sans failles, sa stature personnelle et son charisme, Pierre Pouyade incarne magnifiquement l’épopée de Normandie-Niemen dont la valeur symbolique pour la France libre comme pour l’URSS dépasse de loin la stricte importance militaire. À la fin de la guerre, il regagna la France avec le grade de lieutenant-colonel. Croix de guerre 1939-1945, Compagnon de la Libération, Grand-croix de la Légion d’honneur, inspecteur de la chasse en 1945, puis affecté à l’état-major particulier du Président de la République, il fut attaché de l’Air en Argentine de 1950 à 1953. Promu général, il tenta une carrière politique avant de prendre sa retraite. Il mourut à Bandol le 5 septembre 1979.
Yves Courrière, Un temps pour la guerre : Normandie-Niémen, Paris, Presses de la Cité, 1979, 411 p. (Troupes de choc). Nouv. éd. ibid., 2003. Yves Donjon, Ceux de Normandie-Niémen, 2010.