Pierre-Athanase Larousse est né le 23 octobre 1817 à Toucy (Yonne), d’une mère aubergiste et d’un père « charron-forgeron « ; Élève-boursier à l’École normale de Versailles, il revient à Toucy comme instituteur en 1838 mais, déçu par le « vice radical des méthodes routinières qui réduisaient l’intelligence de l’enfant au rôle d’un simple mécanisme », selon ses mots même, il donne sa démission un an plus tard pour se consacrer à l’élaboration de manuels scolaires pour les élèves et pour les maîtres. En 1852, il fonde, avec un compatriote, sa première maison d’édition, Larousse et Boyer. En 1856, naît l’ancêtre du Petit Larousse : Le Nouveau Dictionnaire de la langue française, et le 23 décembre 1863, paraissait, en souscription à tempérament, le premier fascicule du Grand Dictionnaire universel. Victor Hugo, conquis aussitôt, fait part de son admiration dans une lettre expédiée de Hauteville House, le 20 avril 1864 : « Vous voulez servir le progrès, vous voulez créer la réussite, vous l’aurez. Votre succès sera d’autant plus grand que votre union avec le siècle sera plus profonde. Courage ! Je suivrai votre travail avec un vif intérêt. Je vous envoie tous mes vœux et tous mes applaudissements. Croyez à ma bien cordiale sympathie. » En 1866, les souscripteurs font relier les fascicules de la lettre A. 2016 marque donc les 150 ans du premier volume de ce véritable monument de papier qui comptera 15 volumes et 2 suppléments, soit au total 20 700 pages ! Une centaine de collaborateurs travaillent sur les articles dans les différents domaines, Pierre Larousse les relit tous et en rédige lui-même une grande partie… Nous donnerons un seul exemple ici, l’article asperges : « Toutes les terres peuvent donc donner de grosses asperges ; cela dépend de l’entretien du sol et du choix des griffes ; mais toutes ne peuvent donner des asperges excellentes […] ; mais nous en connaissons un qui est véritablement privilégié ; c’est un petit canton de la basse Bourgogne, nommé Toucy. Les asperges y sont douces, parfumées, extrêmement savoureuses. » Il s’épuise à la tâche et meurt d’une congestion cérébrale, le 3 janvier 1875, à Paris ; il est enterré au cimetière du Montparnasse. Son dictionnaire sera achevé par son neveu Jules Hollier soutenu par l’épouse de Pierre, Suzanne Caubel.
Pascal Ory, « Le “Grand Dictionnaire” de Pierre Larousse, alphabet de la République », Les lieux de mémoire : la République, la Nation, les France, dir. P. Nora Gallimard, 2001(« Quarto »), , 1, p. 227-238, ill. ; - Pierre Larousse : du Grand Dictionnaire au Petit Larousse, actes du colloque international, Toucy, 26 et 27 mai 2000, dir. J. Pruvost et M. Guilpain-Giraud, Champion, 2002, 368 p. (« Lexica : mots et dictionnaires »).