Né à Chalon-sur-Saône le 21 novembre 1816 de Denis, avoué, et Anne Suchet, Eugène Nus lie amitié au collège de la ville avec François Fertiault (Célébrations 2014, p. 90) ; tous deux publieront ensemble en 1840 (Paris, A. Royer) un volume, Le Dix-neuvième siècle, satires sur les mœurs de leur temps, plus d’un millier de vers. Quatre ans plus tard, Nus connaît un grand succès avec un mélodrame, Jacques le Corsaire, représenté à la Gaîté ; il écrira ou coécrira nombre de vaudevilles, comédies, drames, etc., parfois sous les pseudonymes de Nus-Follet ou Auguste Follet, souvent moralisateur, et toujours attentif aux questions sociales. La Révolution de 1848 le jette dans la politique et le journalisme : il soutient le phalanstérisme dans les colonnes de La Démocratie pacifique. En 1861, l’éditeur parisien Gabriel de Gonet sort L’Empire des légumes : mémoires de Cucurbitus 1er recueillis et mis en ordre par MM. Eugène Nus et Antony Meray, celui-ci chalonnais également, historien et romancier (1817-1889), avant-titre : Drôleries végétales, dessins par Amédée Varin (1818-1883), de l’illustre famille de graveurs de Châlons-sur-…Marne, 310 p. « Moi, Cucurbitus 1er je veux et j’entends régner absolument dans mon empire… » Cette déclaration préliminaire faite, le dit avec son fidèle Cassarola, Rateau ministre de l’Intérieur, Irrigando le porte-arrosoir, ou encore le Dr Fumarol ministre de l’Instruction publique qui éternue en prononçant le nom de l‘empereur, nous emmène au congrès ses scientifiques savants, distingue les nuances politiques des navets, pénètre dans un couvent de nonnettes – une foule de jeunes asperges, dévoile les ruses des bourgeois pour échapper au fisc… Nus donnera ensuite des poèmes religieux : Les Dogmes nouveaux (Dentu, 1861), Choses de l’autre monde (ibid., 1880) ; il fonde le journal Le Bulletin du mouvement social (1873) ; enfin, il rejoint la kabbale et collabore à la Science secrète de F. Ch. Barlet (pseud. d’Albert Faucheux), Gérard-Anaclet-Vincent Encausse dit Papus, etc. (G. Carré, 1890). Il décède à Cannes le 18 janvier 1894.
Paul Jeannin-Naltet, « Eugène Nus, 1816-1894) », Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Chalon-sur-Saône, t. 44, 1944, p 45-51.