Les Lyonnais, dont Paradin publia l’histoire en 1573, ont été plus fidèles à la mémoire de leur historiographe que les Bourguignons, à qui pourtant il était attaché comme à ses vrais compatriotes. Il faut dire que, né vers 1510 à Cuiseaux en Bresse chalonnaise, Paradin partit tôt pour l’Université de Paris, puis s’installa à Beaujeu, où deux de ses oncles étaient déjà chanoines de la collégiale et où il conquit d’abord une prébende, puis le décanat, sans plus en bouger jusqu’à la fin de sa longue vie (1590). Il écrivit donc « du dehors », même si ce dehors n’était pas très lointain, à la différence de son contemporain Pierre de Saint-Julien de Baleure, qui était doyen de Chalon lorsqu’il donna en 1581 son traité De l’origine des Bourgongnons. Parfait humaniste, pour autant, curieux de tout, écrivant aussi aisément en latin (De antiquo statu Burgundiae, 1542, avec préface d’Étienne Dolet) qu’en vulgaire, et témoin précieux de la vie d’une petite ville du XVIe siècle grâce à son riche Journal. Ses Annales, livre fondateur, représentent pas moins de mille grandes pages de recherches savantes, « depuis que les Bourgongnons partirent d’Allemaingne (…) jusques à la mort de Charles dernier duc de Bourgongne ». L’auteur n’y ménage pas son enthousiasme en faveur d’une terre « plus douée et enrichie de l’infusion de toutes grâces de Dieu que autre province de Gaule » et qui apparaît à ses yeux comme « une riche officine de paix et grasse nourrice de ses voisins ».
Toutes les générations d’historiens de la Bourgogne doivent quelque chose à ce grand ancêtre, même s’ils se gaussent à l’occasion de ses « fables », et il est probable qu’Henri Drouot (qui connaissait bien Paradin en raison de son lien aux affaires de la Ligue) a pensé à lui lorsque le titre du gros livre de 1566 est devenu en 1929 celui d’une revue d’érudition toujours vivante.