Mathurin Moreau naît à Dijon, le 18 novembre 1822 ; son père, le sculpteur Louis-Joseph Moreau, l’initie très tôt à la sculpture, ainsi que ses deux frères cadets, Hippolyte et Auguste qui feront, eux aussi, une brillante carrière. À l’âge de dix-sept ans, Mathurin est admis à l’École des Beaux-Arts de Dijon où il remporte le Prix départemental, ce qui lui permet, grâce à une pension, de venir étudier trois ans à Paris. Il entre ainsi, en 1841, à l’École des Beaux-Arts et remporte, en 1842, le deuxième Grand Prix de Rome sur le sujet « Diomède enlevant le Palladium ». Il commence à exposer aux Salons à partir de 1848. Sa première œuvre exposée L’Élégie, bien accueillie, est achetée par la Ville de Dijon. Sa Fée des Fleurs, au Salon de 1853 et sa Fileuse, au Salon de 1859, obtiennent un vif succès. Dès 1863, Moreau travaille à des commandes de la Ville de Paris (Gare du Nord, églises Saint-Augustin et de La Trinité, Opéra…) et réalise un grand nombre de statues pour les parcs et jardins publics : Les Exilés (1869) au Jardin des Tuileries, La Libellule (1873), place du Théâtre-Français, Le Sommeil (1874), Square des Ménages… La Bourgogne n’oublie pas cependant son illustre enfant et s’adresse à lui pour exécuter plusieurs monuments com-mémoratifs. À Dijon, il réalise, en 1880, le bas-relief du piédestal de la statue de la Résistance sculptée par Paul Cabet, place du Trente-Octobre, ainsi que la figure en marbre de Sadi Carnot et celle en bronze de l’Histoire du Monument du Président Carnot, place de la République, inauguré en 1899. On peut évoquer également le Monument de Pierre Joigneaux, publiciste et agronome à Beaune en 1897 et, à Nuits, le Monument de l’Astonome Tisserand, inauguré en 1899. Moreau fournit des modèles d’objets décoratifs et de statues de série (candélabres, torchères, fontaines, statues religieuses, monuments funéraires…) éditées en fonte par la Société du Val d’Osne, dont il devient un des administrateurs. Installé à Belleville, il exerce avec dévouement, de 1879 et jusqu’à sa mort, les fonctions de maire du XIXe arrondissement. C’est à son domicile qu’il décède le 14 février 1912, il repose au cimetière des Lilas.
Jean-Claude Ancet, Une famille de sculpteurs bourguignons, les Moreau, Mémoire de maîtrise d'histoire de l'art, Université de Dijon, 1974, 107 p.