Floris Osmond (Paris, 10 mars 1849 – Saint-Leu, 18 juin 1912) demeure un des grands noms de la sidérurgie bourguignon-ne. C’est l’un des principaux acteurs du développement du laboratoire dépendant de l’usine sidérurgique Schneider et Cie du Creusot (créé en 1861). Osmond présente un parcours atypique. Alors que l’habitude du Creusot est plutôt de recruter des ingénieurs passés par les rangs de l’École des Mines de Paris, il a poursuivi ses études à l’École Centrale, où il est entré en 1872. Quand il intègre les établissements Schneider et Cie, en 1880, l’entreprise se trouve à un tournant de son histoire. Elle est de plus en plus concurrencée par les usines du Nord-Pas-de-Calais et de Meurthe-et-Moselle. Elle prépare l’abandon de la production des aciers communs, Bessemer en particulier, et peine à s’engager dans l’élaboration des aciers Thomas, pour lesquels la Lorraine bénéficie d’une dotation factorielle bien meilleure. Pour survivre, les aciéries du Creusot doivent engager une véritable reconversion vers des produits incorporant davantage de valeur ajoutée et de maîtrise technique. Osmond est un des principaux artisans de cette transformation. Entre 1882 et 1885, il poursuit ses recherches sur le sujet, de concert avec Jean Werth. Il finit par publier, en 1885, dans la revue Annales des Mines, un article intitulé “Théorie cellulaire des propriétés des aciers” qui rencontre un écho considérable et fait de lui un des pionniers de la métallographie microscopique. Mais au moment où ses travaux commencent à être reconnus, Osmond, qui est avant tout un savant porté vers la recherche fondamentale, s’est déjà éloigné du Creusot. Jusqu’à la fin de ses jours, il multiplie les publications originales et découvre de nouveaux champs d’études métallurgiques, suivis avec une attention toute particulière par les artilleurs. Ainsi, au cours des années 1890, son attention est retenue par les propriétés particulières qu’offrent les alliages ferro-nickel, préparant la voie aux recherches prolongées ensuite par des savants aussi célèbres que Guillaume et Chevenard. Mais son étude la plus aboutie reste un article intitulé “Méthodes générales d’analyse microscopique des aciers au carbone”, publié dans le Bulletin de la Société d’encouragement de l’industrie nationale, et pour lequel il présente une classification des aciers qui fait date.
La plus belle reconnaissance de l’importance de l’œuvre de Floris Osmond émane sans nul doute de Robert Hadfield, président de l’Iron and Steel Institute. Au moment de lui décerner la médaille de Bessemer, il prononce l’éloge suivant : « Au grand Français, M. Osmond, un des représentants de cette merveilleuse précision et de cet amour de la recherche qui sont l’honneur de ses compatriotes et que nous autres, Anglais, devrions bien tâcher de leur emprunter plus complètement ».