Né le 20 novembre 1812 à Autun, Alexandre Legros s’installa dans sa ville natale comme pharmacien. En 1836, s’intéressant aux schistes bitumineux (déclarés « roche concessible comme la houille et le lignite » en 1810), il obtint du pétrole et d’autres dérivés. Une usine de raffinage fut alors installée l’année suivante. La première concession ne fut toutefois accordée que le 29 juillet 1841 pour une exploitation à Igornay, sur 522 hectares. L’huile extraite se vendait alors très bien pour l’éclairage par exemple de Paris, Lyon, Dijon, Strasbourg. Les concessions se multiplièrent entre 1843 et 1847 à Millery, Surmoulin, Dracy, Saint-Léger-du-Bois, La Comaille. Il se produisit une sorte de ruée vers l’or noir du Morvan. À Igornay, il y avait 60 chaudières pour la distillation et 9 pour la rectification, ce qui permettait d’obtenir 45 litres d’huile par m3 de schistes. Des cités ouvrières furent bâties. Hélas ! le gaz de houille découvert par l’Anglais Young supplante l’huile de schiste, les chiffres d’affaires déclinent. Legros poursuivit ses recherches en laboratoire et lors de l’Exposition universelle de Paris en 1855, il envoya toute une gamme de produits retirés des schistes. Le pétrole d’Autun retrouva un nouveau souffle, quatre nouvelles concessions furent créées entre 1855 et 1861 : La Petite Chaume, Le Poizot, Chambois et Le Ruet. La production passa de 170 tonnes de schistes en 1862 à 4750 tonnes en 1864. Le pétrole était envoyé dans toute la France et même en Amérique. Mais le pétrole américain avait jailli en 1859 et dès 1861, il était commercialisé. Le prix passa de 70 à 30 francs / hl, les concessions fermèrent, Legros fut ruiné. Il se retira chez son gendre à Couches-les-Mines où il mourut le 14 février 1894.
Dominique Chabard, Jean-Philippe Passaqui, L'essence autunoise, un carburant national : Oilion, patrimoine industriel, scientifique et technique, Muséum d'histoire naturelle d'Autun, 2006, V-99 p., ill.