Lucie Bernard, plus connue sous le nom de Lucie Aubrac, est née le 29 juin 1912 à Paris de parents originaires de Saône-et-Loire. Elle passe son enfance près de Blanzy. Après l’installation de ses parents dans la région parisienne, elle décide de poursuivre seule, en gagnant sa vie, les études supérieures qui la conduiront à l’agrégation d’histoire et géographie en 1938. Elle fréquente le Cercle international de la jeunesse, organisation pacifiste, puis milite aux Jeunesses communistes dès 1932. Nommée professeur agrégé à Strasbourg, elle fait la connaissance de Raymond Samuel, jeune ingénieur des ponts et chaussées, qu’elle épousera en 1939. Après la défaite, le couple se réfugie à Lyon, en zone Sud. Elle y rencontre Jean Cavaillès et Emmanuel d’Astier de La Vigerie, et fonde avec eux le journal clandestin Libération. Raymond, devenu Aubrac, et Lucie, malgré la naissance de leur fils aîné font partie du noyau actif du mouvement de résistance Libération-Sud. Raymond, chargé de la branche paramilitaire, est arrêté une première fois par la Milice. Lucie parvient à le faire libérer. Arrêté à nouveau le 21 juin 1943 en même temps que Jean Moulin à Caluire, Raymond Aubrac doit son évasion au stratagème que Lucie emploie auprès de Klaus Barbie, chef de la Gestapo, et à l’opération audacieuse de commando qu’elle organise. Les Aubrac réussissent à gagner Londres début 1944 et Lucie est désignée pour siéger à l’Assemblée consultative provisoire d’Alger. Elle met sa notoriété au service de la cause des femmes, intervenant sur les ondes de la BBC. Après la Libération, elle a des relations quelquefois difficiles avec le parti communiste qui se méfie de sa liberté de parole. Raymond et elle, compagnons de route du PC, militent au sein du Mouvement de la paix dès sa fondation en 1948. Professeur de lycée, Lucie parvient tant bien que mal à concilier son enseignement et ses différentes activités militantes. Raymond et elle partent s’installer au Maroc en 1958 puis à Rome. Ils prennent leurs distances vis à vis du Parti et ne reviennent en France qu’en 1976. Lucie choisit alors de s’engager à la Ligue des droits de l’homme. En 1984, elle publie un récit autobiographique romancé Ils partiront dans l’ivresse, dont sera tiré un film, qui traite de leur séjour à Lyon. Mis en cause par Barbie, puis dans un ouvrage Aubrac, Lyon 1943 qui conteste leur version des faits autour de l’arrestation de Jean Moulin, Lucie et Raymond Aubrac doivent se défendre. Aucun fondement sérieux n’est trouvé aux accusations portées contre eux. Lucie consacrera la fin de sa vie à défendre la Résistance, notamment auprès des jeunes, ses idéaux et les acquits de la Libération. Décédée en 2007 à 94 ans, Lucie Aubrac repose au cimetière de Salornay-sur-Guye près de Cluny.
Laurent Douzou, Lucie Aubrac, éd. Perrin, Paris, 2009, 376 p.