En 1913 Jacques Copeau, homme de théâtre et directeur de la Nouvelle Revue Française, qu’il a fondée en 1908 avec André Gide et Jean Schlumberger, n’est pas encore bourguignon. Mais le lien de ce personnage exceptionnel avec la Bourgogne sera établi en 1924 et surtout en 1925, lorsque le créateur des Copiaus s’installe à Pernand-Vergelesses, dans une maison qui va être la sienne et celle de sa descendance. Ce lien fait de lui et pour toujours une gloire de la Bourgogne. Copeau a créé le Théâtre du Vieux-Colombier pour y faire vivre une rénovation de la scène rendue nécessaire par les tares nouvelles de l’art dramatique, dénoncées par lui avec une rare violence. Dans son manifeste on lisait : « … industrialisation effrénée qui, de jour en jour plus cyniquement, dégrade notre scène française et détourne d’elle le public cultivé ; l’accaparement de la plupart des théâtres par une poignée d’amuseurs à la solde de marchands éhontés ; partout […] le même esprit de cabotinage et de spéculation, la même bassesse ; partout le bluff, la surenchère […], partout veuleries, désordre, indiscipline, ignorance et sottise, dédain du créateur, haine de la beauté… Voilà ce qui nous indigne et nous soulève ». La première eut lieu le 23 octobre 1913, en présence du Président du Conseil, Louis Barthou. Au programme : Une femme tuée par la douceur (de Thomas Heywood, 1603) et Le Médecin malgré lui ; sur scène : Jacques Copeau, Charles Dullin et Louis Jouvet.
Marc Sorlot, Jacques Copeau, à la recherche du théâtre perdu, Auzas-éd. Imago, 2011, 325 p.