Né à Paris le 25 juillet 1863, Adolphe Retté, délaissé par son père parti en Russie comme précepteur des enfants du frère du Tsar, est élevé par sa famille maternelle qui lui prodigue une éducation assez libre, inspirée des préceptes de Rousseau. Envoyé au collège Cuvier de Montbéliard, il en accepte très mal l’autorité. A la mort de son père, en 1880, il rejoint sa mère à Paris. Afin d’échapper à la tutelle maternelle, il s’engage dans l’armée et intègre le 12ème Cuirassiers. Pendant cette période, il lit beaucoup, s’imprégnant de Nerval, Vigny, Hugo, Baudelaire et surtout Verlaine, son poète préféré. Touché par la littérature, il quitte l’armée et rejoint Paris en 1887 où il griffonne de nombreux poèmes. Il fréquente alors les mêmes lieux que les poètes symbolistes et prend fait et cause pour le vers libre contre les Parnassiens.
Adolphe Retté publie son premier recueil de poésie, Cloches en la nuit, en 1889. Après avoir perdu sa femme, il se jette dans les excès, multipliant les expériences : alcool, drogue, sexe et nuits blanches forment son quotidien. En 1891, paraît Thulé des Brumes qui lui permet d’accéder à la reconnaissance de ses pairs. A cette même époque, il devient anarchiste s’engageant dans l’action – il est même arrêté à deux reprises. Ses écrits sont alors fortement teintés de son idéologie anarchiste : il souhaite l’abolition de la propriété privée et soutient l’action violente. Il prend toutefois ses distances avec l’anarchisme après l’assassinat d’Elisabeth d’Autriche en 1898 et opère un « retour à la nature » dont il devient l’un des chantres. Il publie deux nouveaux recueils : Campagne première (1897) et Lumières tranquilles (1901) célébrant la nature. Après un passage par le nihilisme, le socialisme guesdien, Adolphe Retté entame une profonde dépression et une conversion mystique au catholicisme qu’il raconte dans son ouvrage Du Diable à Dieu. Le voilà désormais catholique, monarchiste et antisémite, lui qui fut dreyfusard. Il passe les dernières années de sa vie à Beaune, soigné par sœur Suzo, dominicaine, se rapprochant également du Carmel et du culte de l’Enfant-Jésus. Il meurt le 8 décembre 1930 et est enterré au cimetière de la ville.
Annie Boucher-Cugnasse, « Adolphe Retté (1863-1930), un écrivain beaunois à redécouvrir » Recueil des travaux / Centre beaunois d’études historiques, t. 29, 2011, p.70-110, ill. ; - Nicolas Leroux, « Adolphe Retté et les rafles d’anarchistes de 1894 », L’œil bleu, n° 7, sept. 2008, p.25-47.