Qui ne connaît pas la rue Berlier à Dijon ? Et pourtant, qui connaît Théophile Berlier, ce « révolutionnaire et rédacteur du code civil oublié » ? Jeune avocat en 1789, Théophile Berlier est élu député de la Côte d’Or à la Convention nationale, dont il deviendra l’un des présidents, membre à deux reprises du Comité de salut public, puis député sous le Directoire au Conseil des Cinq-cents dont il devient aussi le président, puis substitut au Tribunal de Cassation, il est nommé par Bonaparte dans la première fournée des conseillers d’Etat et président du Conseil des prises. Berlier est l’un des principaux rédacteurs du code civil, mais aussi du code pénal, du code d’instruction criminelle et d’autres codes, l’artisan de nombreuses lois, comme celle sur la création des Ecoles de droit après la disparition sous la Révolution des facultés de droit. Régicide, il est exilé à Bruxelles d’où il ne reviendra qu’en 1830. Théophile Berlier a fait partie de ce petit groupe d’avocats sous la Révolution qui ont pensé que seule la loi pouvait modifier en profondeur la société. Il est ainsi notamment l’un des artisans de la suppression de l’autorité paternelle, mais aussi de la défense du divorce nouvellement institué, de l’égalité des époux dans le mariage, de la reconnaissance des droits aux enfants naturels et aux personnes adoptées, de l’égalité de traitement lors des successions. Sa vision de la famille s’appuie sur une conception humaniste où la fraternité et l’égalité doivent remplacer l’organisation quasi divine du pater familias. Sa vision de la société a tout simplement plus de 150 à 170 ans d’avance.