L’étroite connivence entre la main et le cerveau, faite d’entente et d’intelligence à la fois tacite et secrète, a été interprétée selon des narrations anthropologiques différentes. L’une a fait l’hypothèse que l’Homme avait reçu une main car il était le plus intelligent des êtres, l’autre a postulé que l’Homme était le plus intelligent des êtres parce qu’il avait une main. Dans les deux cas la bipédie a mis la main à la libre disposition du cerveau. Toutefois dans le déroulement de cette histoire impliquant trois acteurs, le cerveau, la main et le pied, le rôle joué par chacun d’eux a évolué comme le suggèrent les résultats de recherches récentes tant paléontologiques que neurophysiologiques. Quoi qu’il en soit, la main de l’Homme, véritable organe neuronal, est devenue beaucoup plus qu’un outil, qu’un instrument de connaissance du monde pour devenir un organe de la pensée. L’intelligence passe par la main, mais à ce jour dans un contexte numérique où le digital réduit la main à l’un de ses doigts et l’intelligence artificielle magnifie la machine, il peut être opportun de faire l’éloge d’un système où la technicité, la pensée, la locomotion et la main apparaissent comme liées dans un système unique auquel l’Homme donne toute sa signification.