Né en 1917 dans un milieu imprégné de la spiritualité de sa tante Elisabeth de la Trinité (1880-1906), Jacques Chevignard eut une jeunesse marquée par une succession de deuils et de revers de fortune. La « Drôle de guerre » le mena d’Écoles militaires en Ligne Maginot, puis en camps de prisonniers jusqu’au fin fond de la Prusse Orientale. C’est là qu’il obtint avec d’autres d’être libéré en avril 1944 pour encadrer à Kassel les Chantiers de jeunesse en Allemagne sous un régime de semi-liberté de plus en plus funambulesque. Une dénonciation mit fin à ces occupations : le réseau de résistance franco-allemand auquel il participait fut démantelé, et ce fut la descente aux enfers… Prison, puis camps de Breitenau, Buchenwald et, au bout de trois semaines à bord d’un train de la mort, Dachau et le typhus… Son retour en France en juillet 1945 lui révéla une patrie méconnaissable au sein de laquelle il allait lui falloir retrouver ses marques.