Durant les quatre années de guerre et d’occupation qui marquèrent la France entre 1940 et 1944, les vignobles furent soumis au plus intense pillage que le pays ait connu jusqu’alors. Toutes les unités militaires et tous les services allemands opérèrent des prélèvements massifs de vins, suivant une redoutable planification mise en place en haut-lieu par les autorités nazies afin de ravitailler leur armée et leur population. À Bordeaux, à Cognac, à Reims, à Beaune, dans tous les grands vignobles, des « Weinführer », délégués officiels désignés experts en vin, nommés par Berlin, prirent rapidement place pour coordonner cette gigantesque entreprise de captation, inédite par son envergure et ses conséquences.
Comment les vignobles français ont-ils pu être ainsi pillés ? Dans quelles conditions et par quels circuits les vins étaient-ils livrés ? Quelle a été l’attitude des vignerons et des négociants ? Au-delà du mythe décrivant des professionnels unanimement résistants, quelle place la collaboration a-t-elle tenue ?
Plus de soixante-dix ans après la fin du conflit, cette histoire d’un monde vitivinicole français soumis à l’épreuve de la guerre et de l’occupation nazie livre le récit du fonctionnement de la redoutable machine de captation des vins mise en place par les nazis. Elle souligne comment l’économie vitivinicole française a, à sa manière, largement contribué à l’effort de guerre allemand, provoquant en retour une reconfiguration des vignobles français.