Académie
Le rapport entre croyance personnelle et législation est un sujet dont Montesquieu s’occupe dans différents écrits mais c’est surtout dans L’Esprit des lois qu’il approfondit ce sujet. Le livre XXIV est consacré en particulier aux rapports entre les lois d’un côté et la pratique et l’essence même de la religion. La position de Montesquieu est assez prudente à l’égard, par exemple, de Pierre Bayle, dont il combat deux thèses très hardies, selon lesquelles une société d’athées serait préférable à une société d’idolâtres et aussi qu’une société de parfaits chrétiens ne pourrait pas subsister. Mais c’est dans les quinze chapitres du livre XXV que Montesquieu aborde surtout le sujet de la tolérance. Il est en général assez prudent face aux thèses de John Locke et encore plus de Pierre Bayle qui arrive, au bout de deux siècles de guerres de religion, à tolérer même ceux qui professent l’athéisme.
On va donc analyser attentivement ce livre et l’on s’arrêtera en particulier sur le long chapitre 13, qui est assurément le plus hardi, contenant une imaginaire “remonstrance aux inquisiteurs d’Espagne et de Portugal” contre l’auto-da-fe par lequel on avait récemment brûlé une fille juive à Lisbonne. Il est scandaleux parce que le christianisme est entre autres accusé des mêmes crimes que ceux qu’il avait subi de la part de Dioclétien. En outre c’est surtout à partir de ce texte, avec sa critique du tribunal de l’Inquisition, que Monseigneur Bottari, de la Congrégation de l’Index, va soutenir entre autres la mise à l’Index de l’ouvrage. Mais on montrera aussi que dans une version, omise par prudence, du manuscrit du chapitre 12 la condamnation