Le 5 mars 1876, Édouard Belin voit le jour à Vesoul. En 1883, son père nommé conseiller à la Cour de Dijon, il sera élève au Lycée alors rue Condorcet. Lecteur de Jules Verne, il est bachelier (philosophie) en 1894. Il a déjà inventé son « opsthénographe », appareil photographique capable de photographier derrière soi, grâce à un jeu de miroir, et le fait breveter (Kodak voudra l’acheter). En octobre, il entre à la Faculté de droit. L’année suivante, il assiste à la projection des films des frères Lumière… et il imagine la télévision. Malade, il renonce au droit et après diverses tergiversations familiales, il arrive à l’École royale et impériale des arts graphiques de Vienne, en novembre 1898. Il en sort un an plus tard, s’installe à Paris comme photographe et en 1900, publie un Manuel pratique de photographie au charbon. Le 23 juillet 1901, il est professeur de photographie à l’Association philotechnique de Paris. En 1905, il réalise l’expérience qui permet de le considérer comme le père de la télévision : émis au Havre, un point lumineux était visible à Paris. Il se marie avec Melle Perret d’Ars de La Raffinière. Le 9 novembre 1907, on émet de Paris une photographie de 13 x 18 cm représentant une petite chapelle d’Alsace. Après une transmission de 22 minutes et sur 1717 km par la boucle Paris-Lyon-Bordeaux-Paris, une épreuve de même format était reçue à Paris.
Au poste émetteur, l’épreuve photographique à la gélatine bichromatée en relief où les parties les plus élevées correspondent aux grandes transparences, les creux aux parties les plus sombres, est fixée sur un cylindre qui tourne d’un mouvement uniforme. Un saphir, qui appuie sur le cylindre, imprime à un levier des mouvements dont l’amplitude correspond aux reliefs. Un curseur se déplace sur un rhéostat et transmet sur une ligne une intensité variable de courant proportionnelle à la hauteur du relief. Au poste récepteur, les variations du courant de lignes sont traduites par les déviations d’un galvanomètre qui agit sur une source lumineuse fixe qui fait converger ses rayons sur un miroir, les rayons réfléchis viennent après passage à travers une lentille concourir en un point où l’on place la préparation sensible à impressionner. La transmission était effectuée par le réseau des lignes téléphoniques. Le téléstéréographe est né.
En 1909, à l’exploration par levier et rhéostat, est substitué un microphone sur la membrane duquel agissent les reliefs de l’image. L’année suivante, le télétype transmettra 300 000 mots à l’heure. Belin crée usines et ateliers pour la fabrication d’instruments de haute précision. 1913, l’horloge parlante ; 1921, premier bélinogramme traversant l’océan ; 1922, premier appareil pour réaliser la télévision par TSF puis le bélinographe ; 1926, première transmission d’une image mouvante. Belin utilise dans ses appareils une cellule photoélectrique comme détecteur, le faisceau lumineux est analysé directement sur le cliché. En 1931, le général Ferrié présente devant l’Académie des sciences la machine à cryptographie pour transmettre l’original totalement brouillé et incompréhensible : le cryptobélinographe. 1933, Belin est président du Comité directeur du poste national Radio-Paris et président du Conseil de gérance de Paris PTT. Après la guerre, il est cité à l’ordre de la Nation. En 1947, il songe au satellite pour permettre à la télévision de toucher chaque point du globe. En 1955, il met au point le belinophone qui enregistre les messages téléphonés en l’absence des abonnés. Il reçoit le Prix Triossi pour l’invention du bélinogramme, décerné par l’Académie des sciences. En 1958 enfin, c’est le magnétophone Belin pour le reportage radiophonique direct, il pèse 17 kilogrammes. Grand officier de la Légion d’honneur, en 1962, très malade, hospitalisé dans une clinique à Territet, faubourg de Montreux, il décède le 4 mars 1963 et est enterré dans le petit cimetière de Veytaux.- MP